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Transition én­­ergétique : L’Afrique, alliée de l’Europe

 

Africa Business Council (Tabc) vient d’organiser, en partenariat avec Business France et le Think tank européen «Institut Choiseul», un séminaire sur l’énergie, intitulé «Regards croisés  sur l’avenir : une transition énergétique pour un développement soutenable reliant l’Afrique et l’Europe». L’objectif étant la co-construction d’une nouvelle vision de coopération dans le domaine de la transition énergétique pouvant aboutir à une connectivité entre l’Afrique et l’Europe et le rôle que pourrait jouer la Tunisie dans cette route énergétique.

Avec une économie mondiale qui peine à engager sa relance, la crise alimentaire et énergétique, déclenchée par le conflit en Ukraine, a engendré une situation particulièrement sensible pour tous les pays et notamment pour l’Europe et l’Afrique. Sensible car les pays non producteurs d’énergie font face à de grandes difficultés d’approvisionnement, dues principalement à la flambée des coûts et au contexte mondial marqué par un positionnement délicat entre les puissances protagonistes.  Sensible aussi car le continent africain est aujourd’hui face à une opportunité de valorisation de ses ressources énergétiques par la mise en place d’une stratégie d’approche en tant que solution, même partielle, de la crise mondiale actuelle avec des perspectives de développement hautement positives.

Le rôle-clé du continent africain

Les discussions politiques internationales reconnaissent le rôle- clé du continent africain en tant que fournisseur d’énergie pour le développement industriel en dehors de l’Afrique.

L’Afrique peut devenir aussi l’allié d’une Europe en quête de sécurité d’approvisionnement en énergie et de développement économique. Ce pacte énergétique serait une opportunité pour donner un contenu stratégique au partenariat rénové que l’Europe et l’Afrique appellent de leurs vœux, mais qui peine à se mettre en place. Récemment l’Union européenne, sous l’impulsion de la France notamment, a multiplié initiatives et signaux témoignant d’une prise de conscience des potentialités et des défis de l’Afrique. Mais de nombreuses questions restent encore posées et des tensions potentielles existent notamment en ce qui concerne l’accès à l’énergie pour un développement industriel durable et inclusif, le maintien d’une chaîne de valeur concurrentielle, la réduction des barrières commerciales, la promotion du transfert de connaissances tout en privilégiant les droits de propriété intellectuelle, l’utilisation du gaz et de la promotion de l’hydrogène. Bien gérée, l’innovation pour la transition énergétique peut servir de catalyseur et assurer une prospérité partagée entre les deux continents.   

La Tunisie, plateforme de la route énergétique

Dans ce contexte, Anis Jaziri, président du Tabc, précise que l’Afrique verra sa production de gaz tripler d’ici 2035, son continent qui produit 12 % du pétrole mondial. Il «exporte vers l’Europe 108 millions de mètres cubes de gaz naturel liquéfié, soit presque autant que les importations européennes de gaz russe. L’Algérie, à elle seule, fournit 11 % des volumes consommés dans l’Union européenne, et devrait voir cette part augmenter en faveur des nouveaux accords conclus avec l’Italie et la France», ajoute Jaziri.

Le président de Tabc n’a pas manqué de rappeler que le tiers des découvertes mondiales d’hydrocarbures, réalisées au cours de la décennie passée, ont été en Afrique, et d’immenses projets gaziers vont entrer en service en 2023.

«Le Continent recèle d’immenses réserves encore inexploitées : 125 milliards de barils de pétrole bruts mais surtout près de 13.000 milliards de mètres cubes de gaz naturel et, en termes de rayonnement, l’Afrique est le continent le plus ensoleillé en nombre de jours par an, ce qui fait de lui un énorme producteur potentiel d’énergies propres».

Grâce à ses ressources, l’Afrique « peut devenir ainsi l’alliée d’une Europe en quête de sécurité d’approvisionnement en énergie. Ce pacte énergétique serait une opportunité pour donner un contenu stratégique au partenariat rénové que l’Europe et l’Afrique appellent de leurs vœux mais qui peine à se mettre en place». Récemment, l’Union européenne, sous l’impulsion de la France notamment, a multiplié les initiatives et les signaux témoignant d’une prise de conscience des potentialités et des défis de l’Afrique. L’initiative Global Gateway, présentée fin 2021, ambitionne de financer à hauteur de 150 milliards d’euros les projets africains au cours des six années à venir, notamment dans les infrastructures et l’énergie.

Lors de ce séminaire de réflexion, les participants se sont penchés sur la question du renouveau de la coopération dont les modes de connectivité énergétique entre l’Afrique et l’Europe. Ils ont traité les opportunités que représente la transition énergétique dans la région pour satisfaire à la fois à des exigences d’équité et d’efficacité, dans un contexte géopolitique et macro-économique difficile, du rôle de la France, de l’Italie et des pays du Nord de la Méditerranée ainsi que le positionnement de la Tunisie comme plateforme dans cette route énergétique Afrique -Europe.

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