Il ne serait pas approprié de faire de cette structure un ramassis de personnes cherchant à créer un espace de débats stériles et de polémiques sans fin.
Tout le monde est convaincu que pour sauver le secteur de l’éducation et de tout le système d’enseignement, il faut agir directement sur les vraies causes. Celles-ci sont multiformes et structurelles et concernent les aspects humains et matériels ainsi que l’infrastructure. La dernière réunion du Chef de l’Etat avec les trois ministres concernés (Education, Enseignement supérieur et Formation) est à mettre dans le cadre de la réforme qui doit être mise en œuvre selon une démarche pertinente et stratégique.
Bien choisir les membres
La création du Conseil supérieur de l’éducation ne peut être perçue que comme un maillon d’une longue chaîne. Sa composition est appelée à respecter les objectifs à tracer et à réaliser à plus ou moins long terme. Les membres (dont le nombre devra être précisé) devraient être choisis selon des critères à définir par des spécialistes et des experts appartenant aux domaines de l’enseignement et de la formation.
Il n’est pas question d’en faire un fourre-tout où toutes les parties peuvent entrer. Car c’est, justement, ce que nous entendons autour de nous. Plusieurs intervenants veulent faire partie de cette structure sous prétexte qu’ils veulent contribuer à réformer le système éducatif et d’enseignement. On voit des politiciens, des organisations et des associations qui revendiquent leur intégration au sein de ce Conseil. Or, il ne serait pas approprié de faire de cette structure un ramassis de personnes cherchant à créer un espace de débats stériles et de polémiques sans fin. L’expérience d’autres conseils supérieurs a montré leurs limites et leur incapacité à faire face aux défis. En tout cas, il ne faut pas que ce Conseil serve de tribune pour faire passer des idées et des thèses autres que celles relatives à l’amélioration du niveau de notre enseignement et aux différents moyens pour mettre notre système éducatif au diapason des innovations technologiques et pédagogiques.
Il n’est pas exclu, à notre sens, que certaines parties chercheraient à infiltrer ce Conseil pour imposer leurs visions et imposer leur point de vue dans des desseins inavoués, mais qui n’échappent à personne.
D’où la nécessité de s’armer de la plus grande vigilance dans le choix des membres de ce dispositif qui ne devrait pas dépasser le stade de la consultation, de l’élaboration des grandes lignes directrices et des grandes orientations à impulser à la dynamique future du système d’enseignement.
Activités périscolaires
En attendant que les textes organisant ce conseil soient élaborés, on est en droit de souligner le grand intérêt qui doit être accordé à toutes les composantes du système éducatif et de tout ce qui doit le caractériser. Ceci en tenant compte de tous les paramètres susceptibles de le rendre plus efficient et plus à même de satisfaire les attentes des apprenants ou de leurs parents sans oublier les différents acteurs de l’opération éducative dans son ensemble. Certes, les visions quant à une réforme globale sont nombreuses mais les unes comme les autres pèchent par leurs approches approximatives des vrais problèmes.
Il faut rappeler qu’un travail très intéressant a été entrepris depuis quelques années pour mettre sur pied les bases d’un aggiornamento tant au niveau de l’enseignement (du primaire au supérieur en passant par le secondaire) ainsi qu’au niveau de la formation professionnelle. Mais il ne faudrait pas négliger les autres aspects périscolaires qui exigent, dorénavant, une attention plus particulière. Les études ont montré que l’apprenant, à quelque niveau que ce soit, ne doit plus être considéré comme un objet auquel on inculque des savoirs, mais quelqu’un qui mérite d’être traité différemment.
C’est pourquoi, il y a lieu de penser à lui procurer le cadre propice à son épanouissement et au développement de ses talents et compétences. Les activités culturelles (animations théâtrales, excursions, voyages et découvertes…), l’implication dans l’environnement de l’établissement scolaire, l’ancrage des valeurs universelles, etc. sont autant de points à privilégier dans le processus éducatif.
Il ne faut pas enfin oublier les conditions des personnels d’encadrement. Ces derniers ont besoin d’être recyclés à travers des séances de formation et de remise à niveau en vue d’accompagner toutes les nouveautés.
Toutefois, rien ne peut aller sans un budget conséquent capable de répondre à toutes ces exigences. La situation actuelle ne favorise aucun progrès surtout que l’on sait que plus de 90 % du budget du ministère de l’Education est réservé aux salaires des fonctionnaires.
Finalement, il ne faut pas croire qu’avec la création d’un Conseil supérieur de l’éducation nous allons apporter la solution miracle aux nombreux problèmes de ce secteur. Ce n’est pas non plus en nommant de nouveaux responsables à la tête du ministère concerné qu’on parviendra à éviter la dégradation de la situation.