La reprise de l’activité de leasing en Tunisie se confirme en 2022 après trois années consécutives de baisse. C’est ce qui ressort de l’étude réalisée et publiée par l’intermédiaire en Bourse «Mac SA». Après la baisse de l’activité de leasing durant les années 2018, 2019 et 2020, le secteur a repris le chemin de la croissance en 2021 et aussi en 2022. Le produit net de leasing, le résultat brut d’exploitation ainsi que le résultat net du secteur ont progressé en 2022.
Le secteur du leasing, qui contribue fortement au financement des PME tunisiennes, a connu, après trois années de baisse, une reprise en 2021, affichant une hausse de la production de 18,9%. Cette reprise s’est confirmée en 2022, avec une progression des mises en force de 15,8%. Le secteur compte 8 opérateurs contribuant dans le financement de l’investissement national à hauteur de 8% en moyenne. Malgré la reprise, les risques sont toujours présents.
D’après une récente étude réalisée par l’intermédiaire en Bourse «Mac SA», le secteur du leasing a pu profiter du redressement de certaines activités économiques à l’instar du Tourisme. Cette progression a été acquise à travers la location de voitures et les services, en général, après l’année 2020 marquée par la crise sanitaire et les mesures locales et internationales de restrictions dans le déplacement des personnes et des marchandises.
«Tunisie leasing» reste le leader
Selon la même source, «le secteur demeure encore loin des niveaux de production de 2017 et 2018». D’après les professionnels du secteur, la baisse des investissements a bien rejailli sur le niveau d’activité du leasing. En chiffres, le ratio «FBCF» en % du PIB devrait s’établir à 15,4% au terme de l’année 2022 contre 16% en 2021, 15,8% en 2020 et plus de 19% au terme des années 2017-2018-2019. Il est à noter que la formation brute de capital fixe (FBCF), aussi appelée «investissement», se définit comme l’acquisition d’actifs fixes produits (incluant l’achat d’actifs d’occasion) et la production de tels actifs par les producteurs pour leur propre usage, minorées des cessions. La part du matériel spécifique dans les mises en force, indicateur qui reflète l’évolution des investissements physiques, a été remarquablement réduite, comparaison faite avec les années antérieures. Actuellement, le plus gros de l’activité se fait sur le matériel roulant.
Analyse par société
En termes de production, «Tunisie leasing» reste le leader avec une part de marché de 18% suivie de la «CIL» avec 17%, 16,6% pour l’«ATL», 15,9% pour «Hannibal Lease» et 12,5% pour «Attijari Leasing», soit une part globale de 80% pour ces cinq sociétés cotées.
L’effet saillant en 2022, c’est la reprise remarquable de la société «BTK leasing». Avec une hausse de 39,9% des mises en force, sa part de marché est passée à 7,3%, montant ainsi à la sixième place après avoir été la dernière du classement. «Hannibal Lease» et «ATL» ont connu également en 2022, une forte reprise de l’activité avec des croissances respectives de 27,2 et 23%. Concernant les taux appliqués, le taux de sortie moyen du secteur s’est établi en 2022 à 14,79%, un niveau très proche de celui de 2021 et 2020. Cette quasi-stabilité s’explique premièrement par une variation insignifiante du taux d’intérêt excessif (TIE). En fait, l’effet des trois hausses opérées en 2022 devrait être ressenti dans les prochains exercices. Deuxièmement, les sociétés de leasing ont privilégié la rentabilité des financements au détriment d’acquisition de part de marché limitant la concurrence sur les taux. Ainsi, toutes les sociétés ont appliqué des taux qui assurent un niveau de «spread» respectable. Le spread étant l’écart ou le différentiel entre deux taux ou indices de point.
«En termes d’encours, malgré la reprise de l’activité, le secteur n’est toujours pas revenu à son niveau record de 2018. En 2022, l’encours du secteur s’est établi à 3.541 MD, en légère hausse de 1,4%, alors que les mises en force ont évolué de 15,8%. Cette tendance est expliquée par un retour à la normale du rythme de l’amortissement des encours après deux années marquées par le report des échéances conformément aux circulaires BCT 2020-06, 2020-19 et 2020-21. En effet, la nouvelle production de 2022 (1.898,2 Md) de Mises en force n’a pas été assez suffisante pour alimenter les encours», dévoile l’étude.
La performance du secteur se consolide
La hausse de l’activité conjuguée à l’amélioration des spreads de taux ont permis de faire augmenter le produit net du secteur de 14,3% en 2022 (hors BTK Leasing). Toutes les sociétés ont vu leur PNL (compte de résultat) s’accroître et la meilleure performance a été réalisée par «Best Lease» (+18,6%) suivie de «ATL» (+16,3%) et «Hannibal Lease» (+15,4%). Le résultat brut d’exploitation du secteur (hors BTK Leasing) a connu une croissance de 22,3%, favorisée par la hausse à deux chiffres du PNL et l’évolution timide des charges d’exploitation (+3,3%).
L’étude de l’intermédiaire en Bourse «Mac SA» mentionne que «selon les indicateurs d’activité au 31 décembre 2022, la qualité d’actifs des sociétés de leasing a connu une nette amélioration en 2022 avec un repli de 10% des engagements classés à 376,6 MD. Cette baisse est expliquée en partie par la radiation et des abandons de créances classées conformément à la circulaire BCT 2022-01 relative à la prévention et résolution des créances non performantes».
Hormis la «CIL» et «Best Lease», les cinq autres sociétés cotées ont affiché une réduction de leurs encours d’engagements classés. «Hannibal Lease» a connu la plus forte baisse d’encours d’engagements classés (– 25%) suite à la radiation de 15,8 MD, suivie par «ATL» avec un repli de 18.8% et «Attijari Leasing» (-17,1%).
2023, l’année de tous les défis !
L’étude de «Ma Sa» dévoile, par ailleurs, que l’année 2023 serait l’année de tous les défis pour le secteur. Ce constat est une suite logique de la conjoncture économique qui est restée incertaine.
Ainsi, «l’investissement physique (Investissement en matériel spécifique) n’a, toujours, pas retrouvé son rythme normal.
Actuellement, le plus gros de la production se fait sur le matériel roulant qui représente 75 à 80% de l’activité. Même sur ce type de matériel, le risque de pénurie que connaît le secteur automobile est toujours présent, ce qui pourrait impacter l’activité en 2023, faute d’actifs à financer», ce qui pousserait les sociétés de leasing à financer du matériel d’occasion.
Aussi, la poursuite de l’inflation conduirait la BCT à relever son taux directeur, ce qui risque d’altérer la marge des sociétés du secteur. Les «leaseurs» seront confrontés à d’autres défis comme les hausses successives. Ces derniers doivent également maintenir «un niveau de «spread» rentable sans pour autant alourdir la charge financière des clients sous contrainte du respect du TIE est le plus grand défi à relever en 2023».
Par ailleurs, le surcroît, la mobilisation, la structure et le coût des ressources sont aussi des questions importantes pour les professionnels du secteur. «Privées du financement direct auprès de la BCT comme c’est le cas pour les banques, les sociétés de leasing sont toujours à la recherche d’un équilibre entre les différentes voies de financement, à savoir le crédit bancaire, l’émission des emprunts obligataires et les lignes de financement étrangères. Ces dernières, qui représentaient il n’y a pas longtemps une bonne alternative, sont devenues relativement coûteuses», cite l’étude du «Mac SA».
Certaines compagnies pourront faire appel à la ligne de refinancement mise en place récemment par la Banque mondiale au titre du projet d’appui au redressement économique des PME, a conclu l’étude.