Il y aura toujours les mêmes blocages au niveau des négociations, notamment quand on s’inscrit dans le cadre du conflit latent entre le pouvoir politique et l’organisation syndicale…
Il est utile de rappeler que le ministère de l’Education n’a pas connu une véritable stabilité permettant à ceux qui sont à sa tête d’appliquer leur programme ou de mettre en œuvre leur stratégie. Depuis 2011, ce Département a connu au moins une dizaine de ministres, soit une moyenne de 1 an pour chacun. Ce qui, normalement, ne permet à personne d’avoir le temps ou les moyens de remplir la mission dont il est chargé. Dès le début de la décennie passée, on avait désigné, comme aujourd’hui, un ancien syndicaliste. Tout le monde se rappelle, aussi, les grandes difficultés de cette étape qu’il a fallu surmonter au prix de grands sacrifices des enseignants et des parents. Mais il y a eu, également, l’amorce d’un tournant irréversible concernant la baisse de la qualité de l’enseignement et du niveau de nos élèves.
Des ministres de tous bords
Les mesures adoptées à l’époque pour éviter une année blanche ont abouti à des résultats inattendus au bac en raison de la compression des deux derniers trimestres de 2011 et un allégement assez conséquent des programmes de 4e année secondaire. C’est ce qui donnera un taux de réussite des plus élevés de près de 64 % (63,9 %).
D’autres ministres, s’affirmant du panarabisme et de courants politiques “unionistes” (en 2013) ou prônant la défense des droits humains (entre 2014 et 2015), se sont relayés à la tête des destinées de ce ministère sans rien apporter de neuf et d’intéressant au système éducatif. Il en a été de même pour l’enseignement supérieur en 2011. Le ministre de l’époque se caractérisait, lui aussi, par son appartenance aux courants de gauche et par son indépendance vis-à-vis des partis politiques. Il est certain que les gouvernements de cette période avaient profité de ces personnalités pour franchir un cap difficile. Leur intention n’était pas d’apporter une solution aux problèmes ou de veiller à la bonne marche des institutions. La nomination, dernièrement, d’un syndicaliste comme ministre de l’Education s’inscrit-elle dans la même veine ? On est tenté de le penser. Toujours est-il que la conjoncture actuelle nous apporte de nombreux éclairages. Le ministre est issu de la famille des syndicalistes. Un seul point lui donne une spécificité : c’est un dissident. Il s’oppose à la direction de l’Ugtt dont il a mis en doute la légitimité. Exactement comme le S.G de la Fédération générale de l’enseignement secondaire (Fges). Allons-nous créer une arène entre opposants et alliés de l’Ugtt à l’intérieur d’un ministère aussi important. D’autant que l’autre fédération (la Fédération générale de l’enseignement de base) penche beaucoup plus du côté de la Centrale syndicale et de sa direction. Autrement dit, il y aura toujours les mêmes blocages au niveau des négociations, notamment quand on s’inscrit dans le cadre du conflit latent entre le pouvoir politique et l’organisation syndicale.
Négociations difficiles
La preuve de l’impasse dans laquelle on se trouve et dans laquelle nous allons continuer d’être, c’est la dernière réunion entre le syndicat de l’enseignement secondaire et le ministère, mercredi dernier.
Le seul accord a été de se rencontrer une nouvelle fois le 22 février prochain. Pour le round de négociations qui a eu lieu le 15 février courant, les nombreux points du litige sont restés en suspens. La Fges a, d’ailleurs, réitéré son attachement à la concrétisation de toutes les revendications contenues dans les différentes motions professionnelles. La Fges appelle, dans ce contexte, au démarrage immédiat des discussions autour de ces motions (celles du 2 avril 2021, du 1er septembre 2022 et du 21 janvier 2023). En outre, elle appelle à mettre en œuvre les clauses du 9 février 2019 restées en suspens.
Le dernier point concerne l’achèvement des négociations autour du dossier des enseignants suppléants et de la question du travail précaire. Il n’en reste pas moins que la Fges a enregistré un seul point positif qui est celui de l’ouverture de concours de promotions professionnelles par le ministère et l’engagement de ce dernier à réactualiser la prime de rentrée scolaire.
Un vrai travail attend les négociateurs pour le prochain round avec le nouveau ministre.
Mais il semble que les autorités ne disposent pas des marges de manœuvre nécessaires pour faire face aux exigences des syndicats tellement la barre a été haut placée.