Oui, l’immigration n’est pas un crime. C’est pour dire qu’il n’y a pas de personne «illégale», il y a des migrants irréguliers. Ceux qui sont présents sur le territoire national, soit en franchissant les frontières de façon irrégulière, soit en dépassant le délai de séjour autorisé, commettent des infractions administratives et non des crimes. Ne pas distinguer ces deux termes renforce les stéréotypes selon lesquels les migrants en situation irrégulière seraient des criminels.
Faut-il pour autant s’inquiéter si on sait que le nombre de migrants actuellement en Tunisie s’élève à 75.500, selon, la cheffe de mission à l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à Tunis, précisant que celui des réfugiés est estimé à 777 personnes, dont la plupart sont des Syriens. 78% de ces personnes sont d’origine subsaharienne. Ce sont majoritairement des Nigérians (34%) et Ivoiriens. (24%), tandis que seulement 10% sont d’origine maghrébine, dont 93% d’entre elles de nationalité marocaine.
Au milieu du 19e siècle, la population tunisienne était composée de Berbères, de nomades, de montagnards, d’Arabes musulmans, d’Israélites, de Français, d’Italiens, d’Anglo-Maltais, de Portugais, de Russes, de Serbes, d’Algériens, de Libyens, d’Espagnols, de Maures, de Turcs et de Noirs africains. C’est dire combien cette mosaïque vivait en harmonie malgré cette grande diversité.
Cependant, après l’indépendance du pays en 1956, le pays, gagné par les ardeurs du nationalisme, a commencé à se vider peu à peu de ces colonies terrorisées par la montée d’un discours de haine et les nouvelles formes de xénophobie qui ont vu le jour.
Mais l’effet de la théorie du remplacement en vogue dans les discours de l’extrême droite et des chauvinistes véhicule stéréotypes et stigmatisation sur les migrants qui sont des personnes en situation de vulnérabilité et ont besoin d’assistance, non de persécution. Pour contrecarrer ces thèses xénophobes, dans le monde, 1 personne sur 7 est un migrant. Au total, plus d’1 milliard de personnes qui ont quitté leur lieu de résidence habituelle représentent seulement 3,4 % de la population mondiale. On oublie souvent que les migrants constituent 47% de la main-d’œuvre aux États-Unis et 70% en Europe durant ces 10 dernières années. Les migrants occupent aussi une part importante à la fois dans le domaine des marchés à forte croissance et dans les secteurs économiques en déclin. Que la migration augmente le nombre de personnes en âge de travailler au sein des populations vieillissantes. Enfin, les migrants contribuent significativement à la flexibilité du marché du travail. Force aussi est de reconnaître que la plupart des gens pensent à tort que le plus grand continent de départ des migrants est l’Afrique, alors qu’elle vient en dernière place derrière l’Asie, l’Europe et l’Amérique latine. C’est pour dire que la théorie du Remplacement n’aura pas lieu.
Brahim
25 février 2023 à 20:54
C’est avec conviction de la justesse de votre analyse que j’ai lu et compris votre éditorial. J’y adhère. Mais il ne faut pas occulter la responsabilité de la plus haute autorité dans cette confusion et l’émergence des sentiments xénophobes repréhensibles en soi. Il est temps que le Chef suprême (loin de valoir le Combattant suprême) apprenne la « science politique ». Mieux vaut tard que jamais. J’ai vécu la période l’exode des Israélites, des Maltais, des Français, des Marocains, etc. J’avais 14 ans. KS n’était pas encore né. S’il prenait la peine de s’imprégner de l’histoire politique de son pas, ce serait une excellente chose pour lui et son pays ! Qu’on se le dise !
Niels Petersen
25 février 2023 à 21:43
J’espère que les Tunisiens qui ont manifesté contre les migrants, qui les ont pourchassé et frappé pourront lire cet article.