Peut-on dire que le tennis tunisien va bien parce que Ons Jabeur triomphe sur le top de la hiérarchie mondiale (Top 5) depuis deux années ? Cette association entre ce que réalise Ons Jabeur et l’évolution du tennis tunisien n’a rien de logique ou de fiable. On peut même dire que c’est de la poudre aux yeux et de la pure manipulation. Ons Jabeur ne doit rien ou presque à la FTT (hormis l’entraîneur payé par l’organe fédéral), et celle-ci n’a rien à voir dans cette extraordinaire ascension de Ons. A ce très haut niveau de tennis, une joueuse est responsable de ce qu’elle accomplit, et logiquement et comme le veut la coutume, une joueuse professionnelle du Top 5 n’a aucun rapport avec sa fédération pour tout ce qui concerne sa carrière professionnelle. Le seul rapport, c’est la «Fed Cup» ou la coupe Davis chez les messieurs. Mettons Ons Jabeur de côté et parlons de l’autre tennis qui se joue en Tunisie. Aujourd’hui, c’est un tennis de masse pratiquement où on a un grand nombre de pratiquants dans les clubs qui se multiplient partout. Un grand nombre de pratiquants amateurs également. Ce n’est plus le tennis réservé à la classe aisée, mais si vous jetez un coup d’œil sur les coûts du matériel, sur les frais que doit supporter un parent pour que son fils ou fille avance dans sa carrière, vous trouverez que le tennis d’aujourd’hui va de plus en plus pour les parents aisés (professions libérales et hommes d’affaires) qui peuvent financer les charges colossales de leurs enfants. Et la FTT dans tout cela ? Si l’argent et les moyens financiers sont là, ils sont mal dépensés ou tout simplement mis de côté. Où est cette direction technique nationale et de qualité qui devra mieux gérer l’élite et aider à découvrir des talents ? Pourquoi ce poste de DTN gêne à ce point pour qu’il soit vacant depuis des années ? Qu’a t-on fait pour sauver ce tennis féminin qui agonise ? Où sont les compétences techniques tunisiennes et les ex-joueurs de haut niveau écartés ? Du côté des clubs, on en voit de tout : des clubs bien organisés, mais aussi d’autres clubs qui gèrent au jour le jour et qui oublient leur vocation de clubs formateurs à «objet tennistique» pour favoriser le tennis de loisirs, certainement plus rentable. Dans ces clubs, certains entraîneurs, avides d’argent, usent, d’une manière immorale parfois, des séances d’entraînement payantes en promettant à des parents peu connaisseurs, que leur fille ou garçon va faire comme Ons Jabeur. Il est temps quand même de réguler ce tennis tunisien et de préparer des plans d’action bien efficaces pour mieux trouver de grands et futurs champions. La FTT doit bouger dans ce sens et doit bien coordonner avec les clubs. Il ne suffit pas de créer un circuit de tournois riche (ce qui est bien), mais il faut une base de joueurs et de joueuses de qualité, bien encadrés sportivement et financièrement. Pourvu qu’on n’ait pas le même scénario que les Mansouri, Dougaz Chergui et les autres, qui ont perdu des années dans leurs carrières et qui tentent maintenant de rattraper ce temps perdu. Oublions les performances de Ons Jabeur et que ceux et celles qui dirigent le tennis se réveillent avant que ce tennis ne flétrisse davantage, surtout en élite.