La dernière qualification de notre équipe nationale junior en Coupe du monde date de 1985. Il a fallu attendre 38 ans, plus d’une décennie et plus d’une génération de joueurs, pour renouer avec la cour des grands. L’exploit réalisé par les «Aigles de Carthage» juniors qui ont réussi à figurer dans le carré d’as de la CAN Égypte 2023 et à obtenir un billet pour le Mondial en Indonésie, a gommé tant d’années de vaches maigres. La soirée du vendredi a été fabuleuse, sublime avec ce succès éclatant, construit et obtenu haut la main et à la sueur du front. Il y a eu un peu de tout, tous les ingrédients pour rendre le spectacle beau, palpitant et attrayant. Le suspense, les frayeurs, les sueurs froides, les rebondissements spectaculaires dans le temps réglementaire, les prolongations et la séance des tirs au but. Puis l’heureux dénouement et enfin la délivrance.
Offensive payante
C’était amplement mérité parce que ça n’a pas été facile. Mohamed Dhaoui et ses partenaires, malgré leur jeune âge, ont fait preuve de ténacité et d’envie pour remporter un match couperet à enjeu crucial: la force de caractère. Après avoir été menés à la marque dès la 25’, ils sont très vite revenus au score avec le but égalisateur magnifique dans sa construction comme dans sa conclusion de Othman Jibril à la 31’. Ils ont ensuite repris l’avantage grâce à Sami Chouchane à la 76’ avant d’être rattrapés et rejoints au score à quelques minutes de la fin du temps réglementaire. Bien que doublés de nouveau par le troisième but sur penalty des Congolais durant les prolongations, ils n’ont pas baissé les bras et n’ont pas abdiqué ni capitulé avant l’heure, parvenant à remettre les pendules à l’heure et à inscrire le troisième but par Mohamed Aziz Saoudi à une minute de la fin alors que les carottes semblaient cuites et le destin de ce quart de finale paraissait scellé. Aux tirs au but, l’échec de Baraket Lahmidi à un moment fatidique ne les a pas désarconnés non plus ni troublés, à l’image du gardien Gezzah qui a réussi la dernière parade de l’espoir et ouvert la voie de cette double qualification historique. Tant de volonté et tant de générosité ne pouvaient qu’être récompensées. Après deux matches décevants devant la Gambie et le Bénin, les coéquipiers de Mohamed Amine Kechiche se sont libérés de plus belle à partir de la rencontre avec la Zambie et ont opté pour un football d’attaque, un football spectacle en se servant, comme il se devait, de leur gros potentiel offensif et de leur grande armada d’attaquants de pointe capables de tous les exploits individuels comme ce chef-d’œuvre de Jibril Othman dans le premier but ou cette superbe envolée de la tête sur balle arrêtée du défenseur Mohamed Aziz Saoudi et troisième ballon au fond des filets congolais. Ce quart de finale victorieux a coupé à jamais, on l’espère et on le souhaite, avec le football misère, le football de la peur. C’est avec cette approche, avec cette audace, avec cette confiance en soi, avec cette générosité, avec cette force de caractère, avec cette culture de la gagne, avec toutes ces qualités de football total, qui se sont avérées judicieuses et qui ne peuvent qu’être payantes, que cette équipe requinquée et auréolée par ce bel exploit doit défier mardi le puissant adversaire sénégalais en demies. Quand on joue bien, quand on calcule moins, quand on s’éclate sur le terrain, on a toujours plus de chances de gagner haut la main.