Chaque année, on le répète haut et fort, rassurant sur un bon approvisionnement du marché, avec rationalisation des prix. Mais, en réalité, on s’est trouvé face à l’embarras du choix : à prendre ou à laisser !
Les préparatifs pour le mois de Ramadan, attendu dans deux semaines ou presque, battent leur plein. Cela s’inscrit dans le droit fil de nos traditions typiquement tunisiennes que l’on s’attache à préserver chaque année, sur le pas de nos aïeux et prédécesseurs. Certes, ce mois saint revêt, sous nos cieux, toutes les significations de solidarité, d’entraide et de piété, mais aussi de respect de toutes les normes sociétales fondées sur la transparence, la loyauté et la droiture. Corruption, fraude, supercherie et transactions déloyales n’ont pas de place. Ce qui n’est tout à fait pas le cas.
Sur toute l’année, et particulièrement en ce mois saint, spéculateurs et contrebandiers de produits de grande consommation font souvent la loi. Jamais l’envolée des prix n’atteint son summum que lors du mois de Ramadan. Le rythme d’approvisionnement du marché s’accélère, mais le pouvoir d’achat est de plus en plus érodé. Et le consommateur se trouve loin de subvenir à ses besoins nécessaires. Le contrôle économique demeure quasi absent. Toutefois, l’on entend dire, ces derniers jours, que les préparatifs à ce niveau vont bon train et que la régularité du marché est garantie. De même, a-t-on appris, les fameux points de vente du producteur au consommateur seront également généralisés et les brigades de contrôle économique veilleront au grain.
A Ben Arous, une séance de travail portant sur l’approvisionnement du marché en produits de consommation à l’approche du mois de Ramadan vient d’être tenue, se penchant sur le souci de préserver le pouvoir d’achat des citoyens. Dans une déclaration à la Tap, le gouverneur de la région a indiqué que des comités locaux ont été créés et chargés d’effectuer des visites quotidiennes sur le terrain au niveau des marchés et des espaces de commerce, en vue d’inspecter le rythme d’approvisionnement des produis de consommation et leurs prix. Selon la même source, les efforts se conjuguent, afin d’aménager ces points de vente, comme celui récemment installé à Hammam Chott. De son côté, la directrice régionale du commerce avait rassuré que les denrées alimentaires de première nécessité seront aussi disponibles en quantités suffisantes. Tout devrait s’accompagner d’un train de mesures dissuasives et punitives à l’encontre des contrevenants.
A Sfax, l’état des lieux a exigé les mêmes actions de veille et de lutte contre toute forme de monopole et de spéculation. D’ailleurs, près de 100 tonnes de produits alimentaires ont été, récemment, confisquées dans un entrepôt anarchique dans la région pour être, ensuite, réinjectées dans les circuits de distribution réguliers. Pas plus tard que vendredi dernier, le directeur régional du commerce à Sfax vient d’assurer, aux médias, que «l’approvisionnement du marché en produits alimentaires divers durant le mois de Ramadan se fera sur un rythme ordinaire et à des prix qui prennent en compte le pouvoir d’achat du citoyen». D’autant plus que, a-t-il encore souligné, les produits de forte consommation tels que les volailles et œufs, poissons, huiles, lait, café, seront disponibles en stocks suffisants. Toutefois, un certain manque en viandes rouges et fruits de saison est enregistré. D’autant plus que l’importation de certaines tonnes de pommes de terre et de légumes serait de mise.
Cela veut dire que tout est prêt pour mieux gérer les besoins du marché et répondre à la question de l’offre et de la demande. Et que les points de vente du producteur au consommateur sont répartis pour doper le marché et rationaliser, un tant soit peu, les indices des prix à la consommation. L’amélioration du pouvoir d’achat, en quelque sorte. Or, ceci n’est, en fait, que de simples palliatifs à de fausses pénuries nourries par un certain laxisme politique et l’amplification des réseaux mafieux hors la loi. Sinon, pourquoi a-t-on l’habitude de recourir à pareilles solutions de facilité, alors que des tonnes de produits de base sont quotidiennement saisies dans des entrepôts anarchiques ? Pire, leur réinjection dans le marché local n’est souvent pas perceptible à l’œil nu. Parallèlement, la chasse aux contrebandiers ne semble pas donner de résultat. Du reste, la lutte contre la contrebande sans l’éradication de ses réseaux n’ajoute rien à la bonne régulation du marché. Et puis, on ne sortira jamais de l’auberge ! Préparatifs pour Ramadan, dites-vous ?