Sécheresse, taux de remplissage des barrages historiquement faible, baisse drastique des nappes phréatiques : la Tunisie connaît un sévère stress hydrique. L’Etat organise-t-il la riposte ?
La situation hydrique en Tunisie est alarmante. Selon le scénario actuel sur le changement climatique, près de la moitié de la population de la planète vivra dans des régions soumises à un fort stress hydrique d’ici 2030, soit entre 75 millions et 250 millions de personnes en Afrique.
A l’instar de tous les pays du monde, la Tunisie traverse une période particulièrement difficile. La rareté des ressources va crescendo, faisant de la pénurie chronique d’eau une crise structurelle dont il faut impérativement tenir compte dans les politiques et stratégies de gestion de ces ouvrages.
Qu’ils soient du public ou du privé, tous les acteurs doivent se mobiliser pour faire face à cette crise de l’eau. Aujourd’hui, le leitmotiv est de rationnaliser au mieux l’utilisation des ressources hydriques, la principale crainte des autorités étant de ne pouvoir satisfaire les besoins en eau potable, vu la faiblesse des réserves des barrages. Parallèlement, des mesures d’urgence doivent être prises par le gouvernement, dont notamment le dessalement de l’eau de mer, pour régler partiellement les problématiques ponctuelles, outre des mesures structurantes qui peuvent apporter des solutions durables.
Il faudrait aussi se préparer dès à présent à une rationalisation de l’approvisionnement dans les grandes villes du pays où la consommation de l’eau est assez élevée, car les déficits hydriques actuels risquent de devenir structurels sous l’effet du changement climatique et qui vont aggraver la crise de l’eau, pas seulement en Tunisie, mais dans le monde entier.
D’après les indicateurs affichés par la Banque mondiale, la demande en eau devrait dépasser l’offre de 40% d’ici 2030, précisant que «les sécheresses, les inondations et les autres risques liés à l’eau gagnent en intensité, les eaux souterraines sont surexploitées et polluées, et les villes et les exploitations agricoles sont en butte à de graves pénuries d’eau».
A l’échelle nationale, le ministère de l’Agriculture, avec le concours d’autres départements, mène depuis des années des opérations d’envergure pour la protection et l’efficacité hydriques, la mise en place de technologies innovantes, comme le dessalement de l’eau de mer, qui semblent être une alternative crédible face à la baisse constante des apports en eau.