«Le premier scénario, appelé scénario de «tension basse» qui est actuellement adopté par le gouvernement pour l’année en cours, implique l’amélioration du climat politique, la conclusion rapide d’un accord avec le FMI et la mise en œuvre des réformes».
L’économiste et ancien ministre de l’Economie et des Finances, Hakim Ben Hammouda, a mis l’accent, avant-hier, sur «l’importance de mettre en place un programme de sauvetage économique rapide et d’améliorer le climat politique, afin de sortir le pays de la crise économique actuelle».
Dans une note politique intitulée «Où va l’économie en 2023 ?», publiée par le Think Tank Global «Institute 4 Transitions», l’expert présente trois scénarios sur les perspectives de l’économie tunisienne au cours des prochains mois.Ainsi, le premier scénario, appelé scénario de «tension basse» qui est actuellement adopté par le gouvernement pour l’année en cours, implique «l’amélioration du climat politique, la conclusion «rapide d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et la mise en œuvre des réformes». Selon Ben Hammouda, l’accord avec le FMI devrait faciliter à la Tunisie l’accès aux institutions financières internationales et aux accords bilatéraux. Ce scénario permettrait de préserver les équilibres financiers et d’atteindre un certain niveau de stabilité économique dans la mesure où l’inflation ne dépassera pas 10% et le chômage restera à 17%, malgré une faible croissance.
«Faute d’accord avec le FMI, c’est le secteur bancaire qui financera le budget de l’Etat
«En l’absence d’un accord avec le FMI et d’un soutien financier bilatéral, le gouvernement sera appelé à activer le scénario de haute tension», a souligné l’économiste. «Dans ce contexte, c’est le secteur bancaire local qui assumera la majeure partie des besoins de financement du budget de l’Etat».
Selon ses prévisions, si ce scénario permet de parvenir à un taux de croissance élevé de 3,4%, il entraînera «une fragilité croissante des grands équilibres de l’économie nationale, où l’inflation pourrait atteindre 17% et le taux de change du dinar baisserait de 12%».
«Ce choix serait également à l’origine d’une plus grande fragilité du système bancaire et pourrait entraîner de nouvelles dégradations des notes souveraines des banques publiques et privées nationales».
«Par ailleurs, il existe aussi, un scénario de tension moyenne au cas où le gouvernement ferait de l’investissement public la variable d’ajustement et l’utiliserait pour financer ses besoins en l’absence d’un accord avec le FMI, ce qui rendra l’accès au financement extérieur difficile», a considéré Ben Hammouda. En même temps, le gouvernement ne se tournerait pas vers les banques nationales pour financer le budget afin d’éviter d’accroître leur vulnérabilité d’une part, et de leur donner la possibilité de financer le secteur privé.
D’après lui, «si les conséquences de ce scénario sur les grands équilibres financiers sont moins graves que le second scénario, ses répercussions négatives restent, cependant, élevées avec une inflation qui atteindra 16,4% et un dinar qui perdra 10,2% de sa valeur par rapport aux devises étrangères».
Et de poursuivre : «Ce scénario pose également, de nouveaux défis, parallèlement à l’inflation et la baisse du taux de change, avec une croissance faible qui ne dépassera pas 1,35% et participera, par conséquent, à la faiblesse et à l’érosion des moteurs de croissance».
Le Global Institute 4 Transitions (GI4T) est un Think Tank indépendant, fondé en mai 2021 par Hakim Ben Hammouda.