
Selon l’édition Printemps 2023 du Rapport de suivi de la situation économique de la Tunisie, réalisé par la Banque mondiale, la croissance du PIB de la Tunisie pour 2023 sera d’environ 2,3 %.
Dans son dernier rapport publié sous le titre « Réformer les subventions énergétiques pour une Tunisie plus durable », la Banque mondiale a considéré que la reprise économique de la Tunisie a ralenti en 2022 alors que le compte courant et le déficit budgétaire ont augmenté dans un contexte de hausse des prix mondiaux de l’énergie et des denrées alimentaires.
A quelles conditions ?
Pour 2023, l’institution internationale prévoit une croissance du PIB de 2,3 %, à condition que des réformes structurelles suffisamment ambitieuses soient adoptées. Ces prévisions sont basées sur le taux de croissance des deux derniers trimestres de 2022, période présentant des conditions similaires à celles susceptibles de prévaloir en 2023 en termes de prix des matières premières et d’incertitude autour des conditions de financement.
Les prévisions supposent, toutefois, la mise en œuvre de réformes fiscales dans la loi de finances 2023, y compris la réforme des subventions, ainsi que des réformes visant à commencer à éliminer les obstacles à la concurrence. Elles supposent également de finaliser l’accord avec le FMI au cours du premier semestre de 2023 et de trouver un financement suffisant pour couvrir les besoins extérieurs et budgétaires.
L’institution de « Bretton Woods » estime donc que les projections de croissance seraient considérablement inférieures si la Tunisie ne mettait pas en œuvre des réformes fiscales décisives et en faveur de la concurrence, ou si les financements disponibles n’étaient pas suffisants pour couvrir les besoins extérieurs de la Tunisie, notamment en raison de retards prolongés dans la finalisation de l’accord avec le FMI.
« Ces conditions difficiles pourraient entraîner une pénurie de devises dans l’économie, un rationnement des importations et potentiellement conduire à une dépréciation du dinar, aggravant ainsi les pressions inflationnistes existantes. Avec un financement extérieur limité et des réserves de change insuffisantes, la Tunisie serait également confrontée à des défis pour honorer les paiements élevés de sa dette extérieure au second semestre de 2023. De ce fait, l’activité économique et l’emploi pourraient être gravement affectés », souligne le document.
Le financement du déficit, un véritable défi
Le document souligne également que l’évolution relativement plus favorable des prix des produits de base ainsi que certaines réformes des dépenses devraient réduire le déficit de la balance courante en 2023, qui resterait difficile à financer sans réformes.
« Lorsque les prix des produits de base commenceront à se stabiliser, il est prévu que le déficit commercial s’améliore légèrement, passant de 15% à 14,8% du PIB, ce qui entraînera aussi une certaine amélioration du déficit de la balance courante (de 8,5% à 8% du PIB)… La baisse s’explique principalement par l’amélioration des termes de l’échange, c’est-à-dire les conditions économiques régissant les échanges commerciaux internationaux, conjuguée à la modération des prix mondiaux des matières premières », indique le document.
Un assainissement budgétaire
Sur un autre plan, le rapport affirme que pour l’année 2023, le gouvernement prévoit un assainissement budgétaire, principalement en réduisant la masse salariale en termes réels et le montant des subventions tout en continuant à augmenter les recettes.
A cet égard, une évolution plus favorable des prix des produits de base ainsi qu’une certaine rationalisation des dépenses publiques pourraient contribuer à réduire le déficit budgétaire à 4,6% du PIB (contre 6,6% en 2022), comme le prévoit la loi de finances pour 2023. De ce fait, les subventions dans leurs trois composantes (alimentaire, énergétique et du transport) devraient diminuer de 26% en 2023 selon la loi de finances 2023, grâce à une dynamique plus favorable des prix du pétrole (89 dollars le baril prévus en 2023 contre une moyenne de 100 dollars le baril en 2022) ainsi que la mise en œuvre des réformes des subventions.
« La loi de finances 2023 prévoit une mise en œuvre soutenue des ajustements des prix des carburants jusqu’à atteindre les prix du marché à la fin de 2023, ainsi que des ajustements réguliers des prix du GPL, du gaz naturel et de l’électricité. En même temps, la masse salariale devrait augmenter de 7,8% en termes nominaux. Ce qui devrait refléter une croissance des salaires inférieure au taux d’inflation, suite à l’accord entre le gouvernement et l’Ugtt en octobre 2022… De nouvelles mesures sur les impôts indirects — notamment l’augmentation du taux de TVA pour les services professionnels (de 13% à 19%) et les avances sur les taxes de vente sur les produits alcoolisés — ainsi qu’une application plus stricte de la réglementation fiscale devraient accroître les recettes fiscales de 15% en 2023 », souligne encore le rapport tout en ajoutant que la combinaison de la réduction des dépenses et de la hausse des recettes devrait permettre d’augmenter les dépenses d’investissement après la forte baisse enregistrée en 2022.
Pour conclure, le document affirme que les réformes proposées s’attaquent à bon nombre des contraintes importantes auxquelles l’économie est confrontée. En effet, même si une évaluation complète nécessiterait de connaître les détails des réformes, la mise en œuvre des réformes peut également se heurter à de nombreux défis dont le principal est l’appropriation par la population et les principales parties prenantes. Mais de l’autre côté, si elles sont correctement conçues et mises en œuvre, les réformes pourraient également faciliter la négociation et la conclusion d’un programme du Fonds monétaire international, qui pourrait fournir une injection précieuse de liquidités en devises étrangères.