Accueil Actualités Tribune | Prévention de la Maladie Rénale : Chronique Mythe ou réalité ? (1ère partie)

Tribune | Prévention de la Maladie Rénale : Chronique Mythe ou réalité ? (1ère partie)

tribune la presse

 

Introduction

Plus de 13 000 patients sont actuellement hémodialysés en Tunisie. C’est 50 fois plus qu’en 1986 et 3 fois plus qu’en 2001. Avec une prévalence parmi les plus élevées dans le monde, environ 1 110 patients hémodialysés par million d’habitants, la maladie rénale chronique est en constante progression dans le monde entier et notamment en Tunisie. Elle constitue de ce fait un véritable fléau et un problème majeur de santé publique, responsable non seulement de désagréments multiples au patient et de complications parfois graves, mais aussi d’un accroissement considérable des dépenses de santé dans un pays qui souffre déjà d’une crise économique sans précédent.

A l’occasion de la 18e édition de la Journée mondiale du rein, l’Association internationale de plaidoyer au profit des insuffisants rénaux Aipir a organisé le jeudi 9 mars dernier, à la place Bab-Souika, en plein cœur de la Médina de Tunis, une campagne visant à prévenir la maladie rénale chronique et contribuer à freiner cette évolution vertigineuse, sachant que le diabète et l’hypertension artérielle mal équilibrés sont les principaux pourvoyeurs de cette maladie  et sont responsables de près de 40% des cas de mise en dialyse.

Matériels et méthodes

Cette campagne de prévention, qui a débuté à 9h30 et s’est achevée à 15h, organisée sous une tente de 10m de long sur 5m de large, a ciblé 2 axes fondamentaux : 

– l’information et la sensibilisation à la maladie rénale chronique (MRC) en programmant des ateliers autour des 3 modalités de prise en charge thérapeutique de la MRC au stade terminal.

Atelier de l’hémodialyse pour lequel 2 infirmiers et 3 malades ont été mobilisés pour expliquer aux présents les principes et le déroulement d’une séance d’hémodialyse avec un patient porteur d’une fistule artério-veineuse, un générateur de dialyse fonctionnel, une ligne artérielle, une ligne veineuse, un filtre de dialyse, un circuit contenant du sérum physiologique teinté de rouge par l’éosine faisant figure de circuit sanguin et une pompe avec un débit de 300 ml/mn en circuit fermé.

Atelier de la dialyse péritonéale animé par un infirmier et 2 malades, avec exposition d’un cycleur de dialyse péritonéale automatisée, de poches de dialyse, d’un cathéter souple implantable dans la cavité péritonéale, à extrémité interne en « queue de cochon » avec double manchon en dacron ou « cuff » ainsi que de tous les accessoires nécessaires pour le branchement et le débranchement.

Atelier de la greffe rénale avec 4 patients greffés montrant aux visiteurs leur traitement immunosuppresseur et leur expliquant la préparation ainsi que les modalités de la transplantation rénale et ses complications potentielles, en mettant surtout l’accent sur l’amélioration considérable de leur qualité de vie et la récupération d’un train de vie quasi normal.

Des supports visuels pour accompagner toutes ces explications ont été projetés en boucle sur des écrans installés sur les  pans de la tente sous forme de films courts et des schémas illustratifs simples pour chaque atelier.

Les visiteurs sont ensuite orientés vers le 2e axe de cette campagne

– Le dépistage de la MRC ; à cet effet, 4 infirmiers et 6 médecins (4 néphrologues et 2 médecins généralistes) se sont mobilisés pour collecter un certain nombre de données qui seront consignées sur une fiche individuelle : le poids, la taille, la circonférence abdominale, la glycémie au doigt, l’analyse des urines par les bandelettes réactives Multistix, les antécédents personnels et familiaux d’hypertension artérielle (HTA), de diabète, de néphropathie et les éventuels traitements pris par la personne en question ; enfin, mesure de la pression artérielle en position assise en utilisant un sphygmomanométre manuel.

Toutes ces données sont ensuite saisies sur une table Excel pour analyse statistique.

Résultats

C’est ainsi que nous avons pu constater que 151 personnes se sont présentées au cours de cette journée; il s’agit de 75 femmes et 76 hommes dont l’âge moyen est de 56,5 ans, 58,1 ans pour les femmes et 62,1 ans pour les hommes. 70% d’entre eux se trouvent dans la tranche d’âge comprise entre 40 ans et 70 ans.

73,5% des visiteurs résident à Bab-Souika ou dans ses environs proches ; 10% sont venus du Grand Tunis et se trouvaient à Bab-Souika pour faire des emplettes en vue du mois saint de Ramadan.

Un tabagisme actif est noté dans 20% des cas, avec une proportion de 1 femme pour 4 hommes

Quant aux indices anthropométriques :

Le poids

Le poids moyen des visiteurs est estimé à 74,3Kg chez les hommes, 72,9Kg chez les femmes et à 73,6Kg tous genres confondus.

Près de 50% des personnes consultées ont un poids compris entre 60 et 80 Kg

Le « Body Mass Index » (BMI) ou indice de masse corporelle (IMC) :

Un surpoids (25Kg/m2<BMI<30Kg/m2) est noté chez 54 personnes (35,8%), 30 femmes (40% des femmes) et 24 hommes (31,6% des hommes) et une obésité (BMI>30Kg/m2) dans 24,5% des cas (37 personnes) dont 19 femmes (25,3% des femmes) et 18 hommes (23,7% des hommes)

La Circonférence Abdominale (CA) :

Une circonférence abdominale supérieure à 88 cm a été observée chez 61 femmes (81,3% des femmes) et supérieure à 102 cm chez 29 hommes (38,7% des hommes).

Avec un taux moyen de surpoids et d’obésité dépassant les 60% et une circonférence abdominale moyenne pathologique dans 60% des cas, la population étudiée peut être considérée comme une population à très haut risque cardio-vasculaire.

F.E.Y.

Charger plus d'articles
Charger plus par La Presse
Charger plus dans Actualités

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *