IL est clair qu’aucun accord officiel et entériné avec le FMI ne verra le jour si des réformes économiques profondes et structurelles ne sont pas mises en œuvre. C’est pourquoi le retard pris dans le déblocage par le FMI d’un prêt de 1.9 milliard de dollars s’explique sans doute par l’intransigeance de l’institution internationale qui ne s’exécutera qu’après la mise en place d’un calendrier et de mesures concrètes de réformes. La balle est donc dans le camp tunisien qui traîne encore avec un gouvernement qui n’a pas pu jusque-là briser le tabou de la réforme des entreprises publiques et de la masse salariale, éviter ce naufrage de pertes et de dettes cumulées et financées par l’argent du contribuable et ouvrir la porte à une privatisation partielle ou totale de certaines entreprises défaillantes, mais opérant dans des secteurs rentables. Jusqu’à maintenant, notre gouvernement fait du surplace au sujet des entreprises publiques qui ne sont pas rentables et qui nécessitent un « lifting» urgent pour se relancer.
Le FMI, qui exige aussi la levée de la compensation, essentiellement sur les carburants, et la diminution du déficit budgétaire, ne fera aucun cadeau cette fois et n’accordera aucun délai au gouvernement tunisien comme en 2018. De deux choses l’une : soit on restructure les entreprises publiques — en difficulté en grande partie — en adoptant un nouveau mode de gouvernance avec un échéancier clair et irrévocable de cessions et de plans de départs volontaires à la retraite, soit on reste ou encore dans cette attente et ce flou pour imposer des réformes pas faciles quand on sait le poids du secteur public dans l’économie tunisienne. Le temps n’est pas un allié, car le déficit et les besoins de financement grandissent terriblement, sans que le pays ne crée de richesses conséquentes. A-t-on la force et le courage politique pour appliquer et imposer ce train de réformes drastiques au secteur public ? Plus qu’un dossier économique, c’est par essence un dossier politique où il est capital de bien négocier et atteindre des précieux compromis.