Pêche artisanale : Des capacités institutionnelles limitées

 

L’incapacité de l’Etat à financer et à administrer les programmes de sécurité sociale soumis à cotisation destinés aux pêcheurs artisanaux représente un défi, en particulier en cas de contraintes budgétaires, situation que connaissent beaucoup de pays de la région dont la Tunisie. Dans les différents pays à l’étude, l’assistance sociale assurée par l’État pour compenser les cotisations modestes est faible, extrêmement limitée et ponctuelle, alors qu’elle devrait être continue, fiable et prévisible. Les principales ressources nécessaires pour assurer une protection sociale de qualité et les moyens publics requis pour aider les acteurs non étatiques à délivrer ces services varient selon les pays analysés.

De même, la capacité restreinte des pouvoirs publics à veiller au respect de la réglementation et des mesures de gestion de la pêche et d’autres activités industrielles qui menacent la pérennité du secteur en général risque d’affaiblir la viabilité des moyens d’existence découlant de la pêche artisanale de façon plus générale. Aux services publics peuvent s’ajouter des interventions complémentaires du secteur privé et de la société civile en matière d’assurance et d’assistance sociale, mais les prestataires non publics sont peu nombreux dans la plupart des pays à l’étude. Le fait que des organisations manquent de crédibilité aux yeux des pêcheurs artisanaux, en raison de leurs liens historiques et politiques (comme les coopératives en Tunisie) aggrave la situation en faisant obstacle à la participation aux systèmes qui ne relèvent pas de l’État, en particulier lorsqu’un changement politique s’est produit récemment. L’aptitude du ministère de l’Agriculture à créer et à soutenir des institutions (comme des coopératives, des collectivités et des mutuelles) qui sont en mesure d’apporter un soutien réel au secteur de la pêche artisanale dans des contextes aussi difficiles pose également un problème dans les différents pays participants.

L’intervention fructueuse du secteur privé repose également sur le soutien des pouvoirs publics et sur une coordination active avec les acteurs publics et les représentants du secteur. On en trouve de belles illustrations au Maroc, où l’État a confié au secteur privé la mission de mettre en place une assurance contre les accidents de travail et en Tunisie où l’inscription obligatoire a été instaurée et où l’Utap s’est associée avec un assureur privé pour garantir une protection analogue. Tant que l’État ne pourra pas promouvoir activement des prestataires de services complémentaires et collaborer avec eux dans les différents pays à l’étude, il y a des risque que la protection sociale dans le secteur de la pêche artisanale demeure limitée.

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