La transition énergétique est aujourd’hui un enjeu majeur pour les entreprises industrielles. Car, au-delà de l’aspect environnemental, la rentabilité économique de la transition vers les énergies renouvelables, notamment photovoltaïque, n’est plus à démontrer, surtout dans un contexte où la hausse du coût énergétique altère la compétitivité des unités de production.
L’instabilité des prix des énergies fossiles, qui varient au gré du contexte géopolitique mondial, demeure un facteur fragilisant pour les entreprises industrielles. «Le secteur industriel a fort intérêt à mettre le cap sur les énergies renouvelables», a souligné, en ce sens, le consultant en énergies renouvelables, Abdelkarim Ghezal, dans son intervention lors du webinaire «Opportunités du solaire photovoltaïque dans le secteur industriel», qui a été, récemment organisé par l’Anme.
Selon l’expert, la transition énergétique des entreprises industrielles est aujourd’hui un impératif économique. En effet, avec l’instauration de la nouvelle taxe carbone aux frontières de l’Union européenne, la migration vers les énergies propres, pilier de la transition verte, n’est plus un choix pour les entreprises exportatrices qui sont appelées à réduire leurs empreintes carbone. « La transition énergétique figure parmi les préalables qui vont permettre à l’entreprise de réduire l’empreinte carbone des produits qu’elle exporte vers l’Europe et donc d’éviter la taxe carbone qui pénalise les produits à fortes émissions de gaz à effet de serre», a-t-il ajouté.
Mettant l’accent sur la compétitivité des énergies renouvelables, Ghezal a fait savoir que la production de l’électricité à partir des modules solaires est devenue aujourd’hui très rentable, alors que le prix de l’électricité produite par la Steg suit une tendance haussière. Il a également précisé que la production de l’électricité à partir des modules solaires continue de baisser (elle a été divisée par 5 depuis 2010). De surcroît, les entreprises peuvent bénéficier du taux élevé d’ensoleillement dont bénéficie la Tunisie, même s’il varie selon les régions. Ainsi, la production annuelle d’un système photovoltaïque peut atteindre 1.800 kilowatt, par kilowatt-crête.
Autoproduction en basse et en moyenne tension
L’expert a, par ailleurs, expliqué que les dispositions réglementaires relatives au régime de l’autoproduction par le solaire diffèrent selon le type du raccordement. Contrairement au régime de l’autoproduction en moyenne tension, l’installation photovoltaïque en basse tension ne nécessite aucune autorisation de la part du ministère de l’Energie. L’entreprise peut obtenir, dans ce cas, un accord de la part du district de la Steg de la région où elle est basée et ne peut pas vendre le surplus de production. La facture de la Steg ne porte, dans ce cas, que sur le net qui est la différence entre ce qui a été injecté dans le réseau de la Steg et ce qui a été consommé.
Pour l’autoproduction en moyenne tension, l’excédent de production électrique est vendu à la Steg et les installations avec une capacité inférieure à 1 mégawatt peuvent être construites sans autorisation de la part du département de l’Energie. Si l’abonné produit plus d’électricité qu’il n’en consomme, l’injection nette instantanée est rémunérée à un tarif qui varie en fonction de l’heure de son injection. Les surplus vendus sont facturés à la Steg chaque mois, dans la limite de 30% de la production annuelle.
Soupeser les avantages
Évoquant le cadre avantageux qui a été mis en place pour inciter les entreprises à migrer vers les énergies propres, Ghezal a fait savoir qu’à travers plusieurs instruments incitatifs le Fonds pour la Transition Énergétique FTE encourage les entreprises à recourir à l’énergie solaire.
Il s’agit, essentiellement, d’une prime de 200.000 dinars qui est octroyée au profit des installations raccordées à la moyenne tension, outre les crédits plafonnés à 600.000 dinars qui sont accordés à des conditions attrayantes (un taux d’intérêt à 5%, un délai de grâce de deux ans et une durée de remboursement qui s’étale sur 7 ans).
Le consultant a, en outre, souligné que chaque entreprise industrielle projetant de construire une installation photovoltaïque doit prendre en considération plusieurs paramètres, notamment, les quantités annuelles d’énergie électrique consommées (déduites à partir de l’historique des factures de la Steg), le profil de la consommation d’énergie électrique (courbe de charge) pour les installations raccordées au réseau moyenne tension, les surfaces disponibles pour l’implantation des modules, les fonds propres et les crédits bancaires auxquels elle peut accéder et la rentabilité économique de l’installation.