La rétention des notes sera-t-elle appliquée au troisième trimestre ? Se dirige-t-on vers une année blanche comme beaucoup de parents le craignent ? Toutes ces questions resteront sans réponse en l’absence d’une position claire de la part des protagonistes.
Le Tribunal de première instance de Tunis a débouté, avant-hier, un groupe de 13 parents d’élèves qui avaient déposé une plainte contre les deux fédérations (enseignement de base et secondaire) pour l’affaire de la rétention des notes. La requête a été déclarée irrecevable aussi bien sur le fond que sur la forme.
On estime que la justice a, ainsi, raté une occasion en or pour créer un précédent en matière de jurisprudence. Un tel précédent aurait eu le mérite de fixer les limites et préciser les responsabilités des uns et des autres.
Qu’à cela ne tienne !
Les fédérations n’ont pas caché leur satisfaction face à cette issue judiciaire qui semble les consolider davantage dans leur démarche.
Pendant ce temps, la crise entre le ministère de l’Education et les deux partenaires sociaux perdure sans qu’il y ait quoi que ce soit de tangible. Seules des déclarations de part et d’autre permettent de jauger l’état d’avancement des pourparlers, si avancement il y a.
Appliquer les accords
On sait que, par exemple, il n’y a pas eu de contacts depuis près de trois semaines. Malgré les déclarations de bonne volonté de la partie officielle et de la disponibilité des parties syndicales à des négociations “sérieuses”, rien n’a été enregistré au niveau des résultats.
Le ministre de l’Education n’a cessé d’affirmer que la situation est sous contrôle et qu’on se dirige vers la résolution de la question de la rétention des notes. Il soutient même qu’il n’y aura pas d’année blanche. Dans toutes ces déclarations positives, les syndicats ne voient que des intentions. Elles exigent des pas en avant et des mesures concrètes. Pour elles, tous les accords conclus avec des gouvernements depuis 2018 et 2019 n’ont pas été appliqués. Même d’autres accords venus après sont restés lettre morte et n’ont pas été suivis d’effet.
En tout cas, lors d’un geste du ministre de l’Education venu saluer les syndicalistes rassemblés devant le Palais de Justice de Tunis avant le prononcé du jugement, il y a eu promesse d’organiser dans les plus brefs délais une nouvelle rencontre. Celle-ci devrait aboutir à de vraies résolutions susceptibles de faire avancer les dossiers en suspens.
La partie syndicale souhaite que les prochains pourparlers soient menés avec les responsables gouvernementaux et abordent les questions soulevées au cours des différents autres rounds de négociations. Il n’est plus possible de prolonger ces rencontres à l’infini étant donné que tous les aspects de la crise et tous les points de désaccord ont été examinés et passés en revue. On n’attend que l’application de ces décisions par la partie gouvernementale.
Selon certains de ces syndicalistes, le prétexte de l’incapacité du budget de l’Etat à satisfaire les revendications ayant des retombées financières est à rejeter. Tout aussi bien que la régularisation des situations administratives et professionnelles des enseignants suppléants.
A noter, sur ce point, qu’une partie de ces enseignants ont déclaré la fin de l’année scolaire. Ainsi cessent-ils de donner des cours jusqu’à la fin de l’année puisqu’ils n’ont pas perçu leurs salaires.
Escalade ou pas ?
Quant aux prochaines étapes, les fédérations ne se prononcent pas encore. La suite à donner aux événements relève des prérogatives de la commission nationale sectorielle qui sera convoquée dans les prochains jours. C’est elle qui fixera les mesures à prendre pour le restant de cette période.
La rétention des notes sera-t-elle appliquée au troisième trimestre ? Se dirige-t-on vers une année blanche comme beaucoup de parents le craignent ?
Toutes ces questions resteront sans réponse en l’absence d’une position claire de la part des protagonistes. N’oublions pas que le spectre d’une année blanche avait plané sur nos écoles au cours de 2015-2016 et s’est terminé par des passages automatiques des élèves d’un niveau à l’autre (enseignement primaire).
Faut-il en arriver à cette issue ?
En parallèle, l’idée d’une consultation (une de plus !) fait son chemin. Puisque le ministre de l’Education a révélé au cours de sa dernière rencontre avec le président de l’Organisation tunisienne de l’éducation et de la famille (Otef) qu’une consultation électronique sera organisée prochainement. Cette consultation portera sur la réforme du système scolaire.
D’après lui, toutes les données récoltées seront analysées et serviraient de base à l’élaboration d’un projet de restructuration et de modernisation de l’école tunisienne.
Or, nous n’avons cessé de rappeler que de telles démarches constituent une perte de temps, notamment quand on sait que des dizaines de consultations régionales et nationales ont eu lieu depuis au moins 7 ans et ont abouti à des outputs et des recommandations pratiques qui ne demandent qu’à être mises en œuvre moyennant quelques réactualisations.
En faire table rase et repartir de zéro serait, pour le moins que l’on puisse dire, insensé !