La série de rencontres menées par la Commissaire européenne aux affaires intérieures en Tunisie dénote la dynamique des relations entre les deux parties confrontées aux mêmes défis dans un contexte difficile marqué particulièrement par la montée de la migration et reflète une volonté de renforcer un partenariat migratoire bien solide s’appuyant sur des projets pilotes qui a réalisé beaucoup d’acquis.
Lors de cette visite de travail, la Commissaire européenne, Ylva Johansson, a été reçue ce jeudi 27 avril par le ministre des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à l’étranger, Nabil Ammar. Ce dernier a mis en exergue le caractère stratégique des relations tuniso-européennes et l’importance de l’appui de l’Union européenne en faveur de la Tunisie pour mener à bien ses réformes socioéconomiques et asseoir un modèle de développement inclusif et équitable dans le cadre d’un partenariat basé sur le respect mutuel et la solidarité pour mieux gérer les défis communs, y compris les flux migratoires.
Nabil Ammar a rappelé, à cet effet, la nécessité de traiter les questions migratoires selon une approche globale basée sur un équilibre entre, d’une part, le développement socioéconomique et la promotion des voies légales de mobilité, et d’autre part, la lutte contre le trafic des êtres humains et de migrants. Les deux parties ont exprimé leur volonté d’asseoir un partenariat pour la mobilité des compétences et travailleurs qualifiés.
Pour sa part, la Commissaire européenne, Ylva Johansson, a réitéré la solidarité de l’Union européenne à l’égard de la Tunisie et son engagement continu à soutenir notre pays dans les domaines économique, financier et social, y compris dans le cadre de la gestion concertée de la migration en favorisant de nouvelles perspectives de formation professionnelle et d’emploi et en améliorant la lutte commune contre le trafic des êtres humains et de migrants.
Après cette rencontre, Ylva Johansson accompagnée de l’ambassadeur de l’Union européenne à Tunis, Marcus Cornaro, a été reçue par le ministre des Affaires sociales Malek Zahi. L’entrevue a porté sur l’examen, les recommandations du comité sectoriel des Affaires sociales, de l’emploi et de la migration tenue à Tunis le 31 janvier 2023. L’entretien a porté également sur la coopération entre le ministère des Affaires Sociales et l’Union européenne dans le secteur de la migration et les moyens de la développer. Le ministre a souligné l’impératif de consolider le travail commun dans le secteur de la migration régulière en se référant à une approche globale ne se limitant pas à l’aspect sécuritaire. La responsable de l’Union européenne des Affaires intérieures, a appelé de son côté à la consolidation de la coopération dans le domaine de la migration.
Dans le même cadre de sa visite de travail, la Commissaire européenne a eu une rencontre avec le ministre de l’Intérieur, Kamel Feki. La commissaire a mis en avant la volonté de l’Union européenne de collaborer avec la Tunisie en matière de lutte contre la migration clandestine vers les côtes européennes, notamment en ce qui concerne le renvoi des migrants subsahariens se trouvant en Tunisie, dans leurs pays d’origine.
La Tunisie aussi est confrontée au même problème migratoire
Pour rappel, le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a déclaré récemment aux médias que l’UE est aujourd’hui consciente de la nécessité d’afficher plus de solidarité avec son pays puisque les candidats à l’immigration irrégulière ne restent pas en Italie et se déplacent vers d’autres pays de l’Europe. Ce phénomène ne concerne plus que son pays. Selon le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, le nombre de Tunisiens qui ont pu atteindre les côtes italiennes depuis le début de cette année est estimé à 1771 personnes.
Le 18 avril, et suite à l’augmentation inquiétante du nombre d’immigrants irréguliers sur le sol italien, le Premier ministre italien Giorgia Meloni avait décrété « l’état d’urgence migratoire », pour une période de six mois. Un message sans équivoque en direction de l’Union européenne.
La Tunisie est confrontée à son tour aux migrants d’origine subsaharienne qui ont afflué en grand nombre ces dernières années .Selon la Direction générale de la police des frontières et des étrangers, 5376 de ces migrants sont dans une situation légale, dont 93% sont des étudiants. Le nombre total de migrants subsahariens serait de 6000 d’après l’agence des Nations unies pour les réfugiés à Tunis. Ce nombre s’élève à 7000 selon le bureau de l’Organisation internationale de la migration à Tunis
Il est à souligner que l’Observatoire tunisien des droits de l’homme (Otdh) avait appelé les autorités tunisiennes, dans un communiqué publié le 24 avril, à clarifier leur position finale sur ce que les pays de l’Union européenne ont l’intention de faire, et à clarifier les derniers points qui ont été discutés avec la partie européenne lors de la récente visite du ministre tunisien des Affaires étrangères en Italie.
L’Otdh a, également, confirmé son refus que la Tunisie se transforme en gardien des frontières maritimes de l’Union européenne en contrepartie d’une somme d’argent accordée à la Tunisie, dont la valeur pourrait atteindre presque celle du prêt que la Tunisie cherche à obtenir du FMI, soulignant qu’aucun don financier ne devrait être accepté afin que la Tunisie ne soit pas envahie par les immigrants irréguliers.