On ne connaît pas encore les décisions de la commission administrative sectorielle de la Fédération générale de l’enseignement de base (Fgeb). On entretient le suspense comme dans les feuilletons. Car ce qui se passe entre ce syndicat et le ministère de l’Éducation en est vraiment un. En tout cas, les déclarations des responsables de la Fgeb ne laissent aucun doute sur l’issue probable.
Le SG de la Fgeb ne cesse de répéter que les négociations menées avec le ministère n’ont pratiquement rien donné. Il ajoute, même, que les autorités de tutelle sont revenues sur des accords déjà conclus. Pour lui, la question majeure (en plus de très nombreuses autres revendications) demeure le volet matériel. Sur ce point, il affirme que le ministère n’est pas prêt à s’aventurer sur ce terrain. D’ailleurs, on propose de différer cette question pour l’année prochaine. Ce serait mieux que de signer des accords qui ne seraient pas appliqués comme cela a été le cas avec d’autres gouvernements.
Mais il est utile de souligner la très forte détermination des syndicalistes d’aller toujours de l’avant et à n’importe quel prix. D’après les déclarations faites aux médias ou publiées sur les réseaux sociaux, l’impression qui s’en dégage n’a rien de rassurant.
Réunion de la commission administrative ou pas, les élèves et leurs parents s’attendent au pire comme le promettent, justement, les responsables de la Fgeb. Ces derniers ne promettent que ce qu’ils appellent l’escalade. Pour eux, toutes les armes seront utilisées pour arriver à satisfaire leurs exigences. Ils se disent libres d’agir selon leurs intérêts et qu’il n’y a aucune limite à leurs actions. Tout est envisageable. Autrement dit, ils n’hésiteront pas à tout boycotter (examens de fin d’année ou nationaux, rétention des notes etc.). Ils iront, soutiennent-ils, jusqu’au bout. Voire plus !
Tout en entretenant un climat de forte tension, la Fgeb continue de sonder ses troupes pour savoir les grandes orientations qu’elles privilégient. Les dernières données montrent que sur les 3.400 personnes sondées, 1.956 seraient favorables soit à la poursuite du boycott administratif, soit au boycott des examens y compris les examens de 6ème soit, aussi, au boycott de l’année scolaire 2023-2024.
Des menaces on ne peut plus claires
Ces nouvelles options constituent des menaces on ne peut plus claires adressées aux autorités et à l’opinion publique. Elles montrent, encore une fois, que le “combat” que le syndicat mène depuis plusieurs mois ne reconnaît aucune limite.
Mais ce qui est très étonnant c’est le silence absolu de la centrale syndicale qui n’a même pas bougé le petit doigt pour faire entendre raison aux responsables de la Fgeb. Pourtant, on pense que cette centrale peut avoir un rôle à jouer dans ce conflit mortifère pour l’école publique.
Tout le monde sait qu’il n’y aura pas d’accord selon les conditions des syndicats. La seule et unique solution demeure le compromis. Sans cela on se dirige vers une issue aux conséquences désastreuses.
Ce qui se passe aujourd’hui est un non-sens. On ne peut pas demander l’impossible faire courir les risques les plus graves à des centaines de milliers d’élèves.
Des concessions, même provisoires, sont nécessaires.
En attendant, l’autre fédération (la fédération générale de l’enseignement secondaire) annonce qu’elle tiendra sa commission administrative sectorielle demain jeudi 11 mai. Cette date a été soumise à la direction de l’Ugtt qui devrait la valider.
En tout cas, nous constatons que la tension a atteint son plus haut sommet et qu’il n’y a pas de grande marge de manœuvre devant les protagonistes. En vérité, les Tunisiens ne sont pas prêts à accepter qu’il y ait une année blanche ou que leurs enfants accèdent, automatiquement, aux niveaux scolaires supérieurs.