Nos clubs d’élite peinent à amorcer une dynamique pour s’inscrire sur la carte de l’Afrique.
Alors que la Ligue 1 est plus serrée que jamais, les clubs tunisiens n’arrivent plus à tenir la cadence sur la scène continentale. Et alors qu’en 2017-2018 et après 2018-2019, la confiance était de mise avec le double sacre de l’EST, par la suite, tout s’est presque écroulé, laissant l’indice CAF de la Tunisie en grand danger pour l’avenir. Ce faisant, la question qui revient actuellement est en rapport avec le niveau et non pas seulement l’échelon : est-ce un problème de niveau ? Peut-être qu’en l’état, la Botola Pro, la Ligue professionnelle algérienne, l’Egyptian Premier League, la Premier Soccer League d’Afrique du Sud, voire la Linafoot de RDC sont un cran au-dessus, mais cela n’explique pas tout volet performances de nos clubs. Aujourd’hui, même si l’EST a atteint le dernier carré, l’on ne peut que parler d’une énième saison poussive pour nos clubs dans les compétitions africaines. Ce qui illustre forcément le manque d’ambition en général et le risque de leur relégation sur la scène continentale. Aujourd’hui donc, une fois de plus, les clubs tunisiens ne dépasseront pas le mois de mai en C1 et en C3. Même si ce n’est pas vraiment une surprise, on s’étonne quand même de la manière dont l’Espérance s’est laissé renverser par un Ahly du Caire égal à lui-même. L’EST sortie en demies, l’USM éliminée au second tour préliminaire, toujours par l’ogre ahlaoui, le CA écarté en barrage de la C3, tout comme le CSS, la saison tunisienne a pris des allures de Waterloo, excepté pour l’EST, quitte à nous répéter, alors que dans le même temps, reversés en Coupe de la CAF, les Bleus ont pris le quart, puis sont restés à quai à l’arrêt suivant. Voilà pour cette saison (2022-2023). Pour revenir à l’EST, évincée en demies de C1, depuis bon nombre d’années, avec un pic atteint en 2017-2018 et 2018-2019, elle a souvent servi de cache-misère du football tunisien, sauf que là, globalement, pour tous nos clubs fanions, sans pencher vers une constance dans l’échec, l’on ne peut que diagnostiquer un désolant manque d’ambition.
Ni le jeu ni la compétitivité ne progressent
Chez nous, aujourd’hui, voir les clubs batailler en championnat pour les places d’accessit et s’investir ensuite si peu sur la scène continentale indique qu’ils visent davantage les revenus liés à leur classement et à leur participation que la conquête de prestige et de trophées. Or, au final, l’on note que ni le jeu ni la compétitivité ne progressent, alors que la situation financière des gros bras reste fragile en raison de budgets déséquilibrés et non pas simplement serrés. En Tunisie, depuis les années 90, le modèle économique était fondé sur la formation et la valorisation des joueurs. La préoccupation première était de vendre les meilleurs d’entre eux, mais cette stratégie bat de l’aile actuellement. Ce qui nuit à l’élaboration d’un projet sportif. Pourtant, survivre petitement n’est pas la perspective de clubs passés aux mains de propriétaires puissants ou richissimes. Mais ces derniers peinent à amorcer une dynamique pour s’inscrire sur la carte de l’Afrique. C’est paradoxal en l’état : le football tunisien attire des investisseurs (les opérateurs de téléphonie mobile et les grands groupes industriels par exemple), mais les efforts pour produire un jeu plus attractif ne se concrétisent pas malgré les participations de tout un chacun.
Amalgame de constats réels
Ne soyons pas alarmistes cependant, il n’est pas seulement question de palabrer sur ce que certains appellent l’éternel déclin du football tunisien. Il n’est pas non plus question de caresser dans le sens du poil un football qui ne brille que côté jardin (l’équipe de Tunisie et sa présence assidue au Mondial), alors que l’arrière-cour (les clubs) ronge son frein depuis quelque temps déjà. En C1 par exemple, en 2019-2020, l’Etoile du Sahel et l’Espérance ont été éliminées en quarts de finale alors que l’année précédente, le Club Africain a été sorti en phase de groupes. Puis, en 2020-2021, l’EST s’est arrêtée au stade des demies, alors que le CSS a été éjecté au second tour préliminaire. Ce faisant, la saison suivante, en 2021-2022, l’Espérance Sportive de Tunis a été sortie en quarts de finale et l’ESS n’a pu voir les demies, sortie en phase des poules. Voilà pour le chemin parcouru ces six dernières années en C1 et revisitons maintenant le parcours en C3 durant six ans. En Coupe de la Confédération, la récolte de cette saison est quasi-inexistante et celle de l’exercice précédent insignifiante avec un CSS éliminé en phase des poules et l’US Ben Guerdane sortie au second tour préliminaire. La saison 2020-2021 est aussi à oublier même si le CSS, éliminé en quarts de finale, a fait illusion. Cette année-là, l’US Monastirienne a été éliminée en barrages et l’Etoile du Sahel écartée en phase des poules. Circulez, il n’y a rien à voir en 2019-2020 avec l’USBG et le CSS éliminés au stade du second tour préliminaire. Enfin, si en 2017-2018, toujours au stade du second tour préliminaire, l’USBG et le CA ont déchanté, la saison suivante, en 2018-2019, l’ESS et le CSS sont tombés « les armes à la main », en demi-finales. Voilà donc un amalgame de constats réels volet performances de nos gros bras en C1 et en C3. Des clubs auxquels l’on reproche en l’état leur absence d’ardeur pour nourrir de grandes ambitions à l’échelle africaine. Sans verser dans le mélodrame et la résignation, tentons plutôt de mettre le doigt sur la plaie afin qu’à terme, il ne faut plus se résoudre à envisager l’avenir continental de nos clubs d’élite sans illusion. En C1 tout comme en C3, mis à part l’EST cette année et à un degré moindre l’USM, nos clubs ne doivent désormais plus incarner la «division d’honneur» de l’Afrique !