Accueil Culture Mohamed Amine Hamouda expose “Raghata”* : Histoire de brindille

Mohamed Amine Hamouda expose “Raghata”* : Histoire de brindille

 

La toile, la matière, la composition, les pigments, les reliefs. C’est dans ces textures parfois fines et, dans d’autres moments, rêches, fortes, imposantes qui semblent résister à l’effacement et refusent d’être aplaties, que l’œuvre se construit, et que ces textures épousent les formes pâteuses argileuses, trempées, mâchées, hachées, serrées dans un métier à tisser créant une trame, des nœuds et des filaments qui continuent à se rebeller.

Par l’eau, le feu, la végétation, il prépare des décoctions, à main nue il pioche, collecte ramasse, agence, trie, décortique, épluche, fait macérer une matière végétale propre à son environnement. De l’oasis de Gabès Mohamed Amine Hamouda réécrit une géologie du lieu. Ce lieu de vie qui résiste face à la mort. Un combat digne d’une tragédie grecque, et des débris renaît l’œuvre.

La pratique plastique entreprise par l’artiste se place dans une démarche d’artisan ou d’un alchimiste, tel un herboriste ou apothicaire, il examine les plus fines brindilles, celles qui s’amassent en tas au pied du palmier. C’est dans cet infiniment insignifiant qu’il recherche le sens.

Ces fibres, ces matières organiques sont le point de départ d’un propos, d’un engagement, d’une démarche et d’une recherche allant du support vers l’œuvre finie. Cette même œuvre fixée continue à vivre et à respirer à travers les microfibres qui risquent de germer à nouveau.

Dans son exposition «Raghata, the silk road», exposée dans l’espace « artistes citoyens à Gabes, Amine Hamouda met à plat tout un cheminement. Nous entrons de plain-pied dans son univers, mais pas seulement, car nous ne sommes pas seulement face à une exposition d’œuvres qui happent par leurs formes et couleurs ou par leur profondeur, leur touche, leurs perspectives… Mais face à un processus créatif complet et l’œuvre exposée en est un témoin, une démonstration ou une étape fixée sur une toile qui marque à elle seule une sédimentation et une stratification comme face à une coupe géologique ou une décantation d’une matière écrit sa propre histoire.

La toile, la matière, la composition, les pigments, les reliefs. C’est dans ces textures parfois fines et dans d’autres moments, rêches, fortes, imposantes qui semblent résister à l’effacement et refusent d’être aplaties, que l’œuvre se construit, et que ces textures épousent les formes pâteuses argileuses, trempées, mâchées, hachées, serrées dans un métier à tisser créant une trame, des nœuds et des filaments qui continuent à se rebeller.

Dans cette matière organique, tout l’univers se résume et se consume. Raconte l’histoire de l’oasis, la redéfinit et la refaçonne.

Doit-on passer par la destruction, la combustion, la décomposition, l’effritement pour que cette matière se révèle et révèle ses secrets ? La matière, en fin de vie, qui se laisse apprivoiser par l’artiste artisan, devient son allié, une extension de lui-même et à chaque étape de ce processus artistique et scientifique elle est capable de s’exprimer. Histoire de végétal dans un monde de béton, quand une brindille résume le monde, l’humanité et l’humain.

« Raghata » une exposition financée par L’Art Rue, Tfanen – Tunisie Créative et soutenue par Danseurs Citoyens Sud.
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