Le licenciement concerne désormais 60 personnes d’une manière directe, alors que le personnel indirectement impacté par l’arrêt de l’activité est estimé à 200 personnes.
Dans un communiqué publié récemment par la société «Minerali Industriali Tunisia», cette dernière «se trouve dans l’obligation de procéder à un licenciement économique de tous ses employés, soit 60 personnes, ceci a déjà été communiqué officiellement à l’inspectorat de travail de Tunis et Kairouan le 19 mai courant». Selon la même source, le personnel indirect impacté par l’arrêt de l’activité est estimé à 200 personnes. La société «Minerali Industriali Tunisia» est spécialisée dans le traitement et la transformation de sables siliceux, qu’elle revend à des clients tant à l’étranger que sur le marché local. Fondée en 2001 à Oueslatia, dans le gouvernorat de Kairouan, et fortement ancrée sur le territoire tunisien, la MIT appartient au Groupe italien Minerali Industriali, actif depuis les années 1970 dans l’extraction, le traitement et la commercialisation de minéraux. Ce communiqué dévoile que la société «a contacté toutes les autorités tunisiennes compétentes et n’a pas pu trouver une solution viable à la taxe de 100 dinars à la tonne sur tout sable destiné à l’export, appliquée par l’article 26 de la loi des finances 2023. Il faut rappeler que cette taxe représente un taux illogique de 150% du prix moyen de vente de 60 dinars à la tonne et a complètement exclu le sable tunisien du marché mondial. (Lettres officielles adressées à : La Présidence de la République, le Premier Ministre, les Ministres des Finances, des Affaires Sociales, de l’Industrie, la Douane tunisienne, les Gouverneurs de Kairouan, Sousse, Zaghouan et Tataouine, lettres auxquelles nous n’avons jamais reçu de réponse). Le 20 janvier 2023, une note douanière classifiant le sable et sa taxation selon sa teneur en silice avait permis à la société d’effectuer 10 opérations d’export, soit 48.310 tonnes non soumises à la taxe. (Note 006/2023 de la Douane : Sable avec une teneur en silice inférieure ou égale à 99,7% n’est pas taxé, Sable avec une teneur en silice supérieure à 99.7% est soumis à la taxe de 100 dinars par tonne). Le 6 mars 2023, et sans aucun préavis ou communication de tout genre, une note douanière a remis en application la taxe de 100 dinars à la tonne. Face à des obligations contractuelles et des pénalités drastiques, la société a dû payer la somme exorbitante de 2,6 millions de dinars pour 5 opérations d’export. Revirement de la situation, le 8 mai 2023, la Douane tunisienne, et contre toute logique, exige encore le paiement de la taxe qu’elle a elle-même annulée sur les 10 opérations de 48.310 tonnes, soit 4,83 millions de dinars plus l’amende, pour environ 2,5 M d’euros !».
Un groupe pionner en la matière
Les énormes taxes payées, les obligations envers les fournisseurs, les salaires, mais encore cette nouvelle taxe exigée par la Douane, mettent la société dans une difficulté financière insurmontable. Il faut noter que malgré toutes ces complications, la société a octroyé, par respect, un congé payé à tous ses employés pendant le mois saint. Il est incroyable de penser que cette nouvelle taxe est destinée à valoriser le sable tunisien. Le communiqué fait savoir que, depuis 18 ans, le groupe «Minerali Industriali», pionner en la matière, «a investi 30 millions de dinars, implémentant en Tunisie la première usine de traitement de sable pour la verrerie. Ceci a lancé tout un secteur et a mené quelques entrepreneurs locaux à investir dans une usine du même type. Aujourd’hui, le Groupe Minerali Industriali, qui a apporté la technologie et le savoir-faire pour la transformation du sable pour la verrerie, se trouve paralysé par une taxe censée mettre en valeur ce produit considéré désormais comme un trésor national !».
La Minerali Industriali Tunisia se retrouve malheureusement au pied du mur avec ce qui semble être une persécution d’une origine inconnue et ne peut que se résoudre à la pénible décision du licenciement économique de tous ses employés. Malgré cela, la société garde un infime espoir qu’un renversement miraculeux de la situation lui permette de balayer ces ennuis et de reprendre ses activités et sa confiance en la Tunisie. Pour ce, il suffirait d’annuler la taxe en question car cette situation ne profite certainement pas au peuple tunisien. La MIT ne pourra plus faire entrer dans le pays de devises étrangères provenant de ses exportations et elle ne paiera plus les salaires de 2,7 millions de dinars par an, les cotisations, impôts et droits douaniers de 5,6 millions de dinars par an et une masse d’achats locaux de 21 millions de dinars par an !
Nous souhaitons cependant remercier tous nos employés pour 20 ans d’engagement et de fidélité, ceux qui nous ont supportés pendant cette période pénible et surtout l’ambassadeur d’Italie à Tunis et son équipe qui nous ont accordé une attention particulière et un soutien continu.
Nous sommes sincèrement désolés pour les difficultés auxquelles, malgré nous, nos employés devront faire face, mais nous leur promettons que, dès que possible, nous leur offrirons à nouveau un emploi, en espérant qu’ils veuillent bien l’accepter.
Mlayah
25 mai 2023 à 20:36
Le beurre et l’argent du beurre