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L’Ugtt à la croisée des chemins

Editorial La Presse

 

IL est clair que sur la durée, l’Ugtt est en train de perdre des points dans son bras de fer silencieux mais intense avec le Président Saïed. Cela fait deux ans que la Centrale syndicale se trouve de plus en plus esseulée et beaucoup moins influente politiquement qu’avant le 25 juillet 2021. Si, sur le plan social et syndical, vocation essentielle et automatique de cette institution colossale en termes de membres et de poids financier, l’Ugtt fait encore de la résistance face au gouvernement et défend farouchement ses affiliés lors des négociations, devenant encore plus tranchante notamment dans les secteurs du transport, de la santé et enseignement, il est évident que, sur le plan politique, sa marge de manœuvre s’est beaucoup rétrécie. Pour une instance qui, depuis sa création, jouait des rôles politiques (ce qui reste une anomalie) et a été, durant la dernière décennie, une composante active du paysage politique contrairement à ce qu’on dit, elle ne détient plus aujourd’hui cette force de proposer et d’être entendue auprès surtout du Président Saïed qui rejette catégoriquement et avec une grande indifférence, le projet de dialogue et de sauvetage que prônent l’Ugtt et d’autres instances.      

Le dernier accord entre le syndicat de l’enseignement et le ministère de l’Education, jugé insatisfaisant et inacceptable par la majorité des enseignants, est venu semer plus de tension et de mécontentement de la base envers les dirigeants. Aujourd’hui et plus que jamais, l’Ugtt se trouve dans un moment de vérité : un comité exécutif de plus en plus à l’ombre et contesté, et une base qui réclame le changement et le recadrage des actions syndicales en faveur des travailleurs, et loin des jeux politiques. L’Ugtt, ce monument qui a bataillé pour sa survie et son poids , et qui a tenu tête à sa façon face à des crises et des répressions sous deux régimes politiques, devrait surtout changer de stratégie et comprendre qu’il y a un grand travail de refonte à faire et une redéfinition des approches internes pour plus de représentativité interne et pour plus de démocratie et d’alternance au pouvoir. Jouer un rôle politique est, en ce moment, une tentative vaine et inefficace face à la politique d’indifférence et du fait accompli à laquelle l’Ugtt peine à trouver des stratagèmes d’épilogue.

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Un commentaire

  1. Dr. E. Moudoud

    29 mai 2023 à 19:08

    MERCI SI RAFIK POUR CET ‘ÉCLAIRAGE’ SI PERTINENT. EN EFFET, NOTRE UGTT EST À LA ‘CROISÉE DES CHEMINS’ ET DEVANT UN ‘DILEMME EXISTENTIEL’: RESTER FIDÈLE À SA MISSION HISTORIQUE…À LA MÉMOIRE DE FARHET HACHED ET À TOUS NOS MARTYRS DEPUIS LE …9 AVRIL….OU CONTINUER À FAIRE DE LA ‘POLITIQUE POLITICIENNE’ COMME TOUS CES SOIENT-DISANTS ‘PARTIS POLITIQUES’ VENDUS À L’ÉTRANGER…VUE LE CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET POLITIQUE DANS NOTRE PATRIE ET DANS TOUTE NOTRE RÉGION, NOTRE UGTT DOIT CHOSIR ENTRE: DÉFENDRE ‘TOUS’ LES TRAVAILLEURS TUNISIENS…SA MISSION, FONCTION ET ‘RÔLE’ LÉGITIMES…OU…CONTINUER À JOUER ‘AU CHEVAL DE TROIE’ DES ISLAMISTES…CES TRAÎTRES’ À LA PATRIE DE SI LAHBIB…

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