Mondial U20 | La sélection quitte aux huitièmes de finale Savoir tirer les leçons…

 

Les Aiglons, malgré la défaite en huitièmes, ont assez bien rempli leur mission. La seconde mi-temps honnête face au Brésil a fait oublier un peu le visage peu reluisant du premier tour.

Eliminer le Brésil en huitièmes de finale de la Coupe du monde était logiquement pour la Tunisie une mission impossible. Par contre, quitter le Mondial dans la dignité, avec les honneurs, était pour nos Aiglons une opération possible. L’essentiel pour Montasser Louhichi et les siens était de sortir en beauté, et de laisser sur l’ensemble de notre participation dans ce rendez-vous avec les grands, les plus belles impressions; et de montrer qu’on a des talents et qu’on peut bâtir une grande équipe avec le temps. Côté résultat avant-hier, avec la défaite par 4 buts à 1 face au champion de l’Amérique du Sud et le favori pour le titre et avec la fin de la belle aventure au stade des huitièmes, c’est, certes, une déception. Côté manière, face à un géant du football mondial, il y a eu, par contre, après une seconde mi-temps de qualité et d’une haute intensité, plusieurs indices et motifs de satisfaction. A l’issue de cette sortie prématurée de la Coupe du monde, nous n’avons pas à rougir, en étant obligés de faire cap dès maintenant sur l’avenir.

Une mauvaise entame de match

Bien entendu, on ne peut qu’avoir ce regret d’avoir pu mieux faire au cours d’une première mi-temps qu’on a très mal négociée et qui a pratiquement scellé le sort de ce huitième de finale. L’approche tactique de départ de Montasser Louhichi a été à côté de la plaque. A onze contre onze, face au Brésil, ce n’était pas réaliste du tout de passer du «Catenaccio» italien, système que nous avons adopté devant l‘Angleterre et l’Uruguay, au 3-4-3 fougueux de Johan Cruyff avec Barcelone. Ce parachutage d’un extrême à une autre, ce chambardement tactique de 180 degrés a coûté cher à l’équipe de Tunisie. Le grand déséquilibre dans l’animation défensive au cours du round, qui devait être celui de l’observation et d’une certaine prudence, avec deux excentrés (surtout Karim El Abed à gauche) positionnés plus haut qu’il ne fallait et tous ces grands boulevards laissés sur ces deux flancs où il fallait bien verrouiller les accès, ont généré des attaques brésiliennes rapides et décisives et des percées assez dangereuses dans le dos de notre défense. On ne joue pas à ce jeu dangereux avec un attaquant redoutable comme Savio. On l’a payé cash avec la gaffe de Ali Saoudi, mis en difficulté et sa mauvaise passe au gardien Driss Arfaoui qui n’a pu éviter le penalty ni empêcher le premier but de Marcos Leonardo (11e). La douche froide a été de ce fait très rapide, et le deuxième but brésilien, un vrai chef-d’œuvre signé par Andrey Santos à la demi-heure de jeu (31e), a accentué le désarroi des Aiglons et nous a fait craindre pour eux le pire.

Le tournant heureux

Heureusement qu’il y a eu ce carton rouge pour Robert Renon avant la pause et qu’à 11 contre 10, ça ne pourrait être qu’une aubaine inattendue pour un sursaut tunisien. Et ce réveil a été magnifique. Dès le retour des vestiaires, les protégés de Montasser Louhichi ont pris leurs adversaires à la gorge et ont cherché le rachat avec le cœur et les tripes, mettant toutes leurs ressources physiques, techniques et mentales dans une âpre bataille pour prendre le monopole du jeu et effectuer un retour éclair dans le match. Marqués par leur infériorité numérique, ces Brésiliens, qu’ont croyait imbattables et invulnérables, ont été poussés dans leurs derniers retranchements et forcés à subir le jeu et à cafouiller pour protéger leur cage. Le côté droit de l’assaut tunisien composé du trio Mahmoud Ghorbel-Yassine Dridi-Mohamed Dhaoui en faisait voir de toutes les couleurs à l’arrière latéral gauche adverse. Le but chauffait dans les 16,50 m du Brésil. Raki Aouani, entré en cours de jeu, a concrétisé de belle manière cette domination territoriale avec un superbe contrôle orienté et un tir croisé magnifique hors de portée du gardien brésilien (75e), mais ce but de retour dans le match a été injustement annulé par l’arbitre turc après avoir été sollicité par la chambre de la VAR pour une faute de main pas du tout évidente, même avec le ralenti. Nullement découragés, les Aiglons ont continué à faire pression, surtout que Montasser Louhichi a renoncé à l’attaque plate sans joueur de pointe et a fait entrer Jibril Othman comme fer de lance au bon jeu de tête qui a manqué de très peu et à deux reprises de marquer ce but de la réduction du score qui nous aurait donné des ailes. Mais sur deux contres décisifs, Matheus Marting (90e+1) et Andrey Santos (90e+10) ont réussi à tuer le match et les derniers espoirs tunisiens d’arriver à remettre les pendules à l’heure sur le tableau d’affichage. La seule récompense de ce retour tonitruant et de ce sursaut des plus rageurs des protégés de Montasser Louhichi va être ce but de Mahmoud Ghorbel à la toute dernière minute (90e+11). Le score final de 4 buts à 1, même s’il confirme la suprématie brésilienne, ne reflète pas la physionomie d’une rencontre où chaque équipe a eu sa mi-temps de domination. Le meilleur enseignement tiré, c’est que cette équipe tunisienne, qu’on croyait sans réels atouts et sans gros arguments offensifs, est un bon réservoir de jeunes où on peut piocher pour asseoir dans un avenir pas très lointain une bonne ossature de notre équipe A. A condition de ne pas la remettre au placard en attendant une prochaine participation dans une compétition de haut niveau.

crédit photo : © Mokhtar HMIMA

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