Développer un tourisme résilient aux impacts des changements climatiques n’est guère une sinécure. C’est un nouveau modèle alternatif et complètement différent de celui balnéaire. Mais, quel enjeu ?
Après l’Italie, en 2022, l’on s’apprête, les 5 et 6 de ce mois, à abriter, sous nos cieux, le 2e Sommet du tourisme durable, à l’initiative du WWF, Fonds mondial pour la nature-bureau Afrique du nord à Tunis, avec le concours de ses partenaires déjà engagés dans le projet «Restard Med» focalisé sur la revitalisation du concept dans l’espace méditerranéen. Bien évidemment, ça nous regarde tous. Cap sur un tourisme qui soit en parfaite harmonie avec son environnement immédiat.
La pérennité, un enjeu en soi
Pour ce faire, le choix s’est porté, tout particulièrement, sur certaines régions comme zones d’intervention dudit projet, à savoir l’Italie, la Jordanie, le Liban, en Espagne et bien entendu la Tunisie. A quoi s’en tient également le Sommet de Tunis, où le débat aura pour thématique principale «développer un tourisme durable résilient au changement climatique en Méditerranée». Et auquel s’invitent professionnels du secteur, scientifiques et experts écolos, censés donner du grain à moudre et bien replacer le sujet dans son contexte écotouristique. Mais aussi pour présenter ou témoigner de leur expérience liée au changement climatique et au tourisme durable. Autant dire, quels gages de succès pour un tel secteur supposé être si fragile et trop dépendant d’un climat aussi capricieux ? Tant il est vrai que sa pérennité est en soi un enjeu.
Certes, l’objectif du Sommet étant de renforcer le positionnement des pays de la Méditerranée, en en faisant des destinations touristiques, plutôt mieux adaptées aux aléas du climat. Cela implique, dit-on, de concilier la cupidité des hôteliers avec les largesses de la nature, et faire en sorte de les intégrer dans un écosystème sciemment équilibré. Une bonne stratégie de gestion et de préservation aurait à améliorer l’offre touristique et fidéliser une clientèle potentielle ayant forte tendance à joindre l’utile à l’agréable. Et pour cause, le rendez-vous de Tunis se concentrera sur les aspects environnementaux liés à la thématique, mettant en évidence les liens avec les stratégies nationales et régionales. De même, les assises vont se pencher sur le devenir du secteur et les perspectives de sa promotion à l’intérieur du pays comme à l’extérieur. Avoir une part de marché n’est pas donné, car la compétitivité exige, a priori, la qualité. Et l’attractivité devrait s’inscrire dans la durabilité.
Un nouveau modèle alternatif
Et là, développer un tourisme résilient aux impacts des changements climatiques n’est guère une sinécure. C’est un nouveau modèle alternatif et complètement différent de celui balnéaire. Au fil du temps, tout a changé, le tourisme aussi. Et ce qui était hier rentable et passionnant ne l’est pas forcément aujourd’hui. D’où il importe de s‘adapter aux caprices des tendances et des goûts. Autant dire, il faut changer d’offres et de produits. En tourisme, on ne doit guère cesser d’innover et de chercher d’autres opportunités d’investissement. Surtout qu’on est dans un pays si petit, mais assez riche en potentiel touristique, jusque-là sous-exploité. Avec une manne naturelle si pittoresque, généreuse d’idées de projets. Agir ainsi en bon stratège, c’est, en fait, penser à un tourisme alternatif, censé sortir des sentiers battus. Une nouvelle filière qui n’est plus à la merci du confort hôtelier, des plages et du soleil. Mais tout juste un service de qualité, dans un écosystème diversifié et équilibré.
Des initiatives à saluer, mais..
Qu’en est-il d’un tourisme durable ? L’Organisation mondiale du tourisme (Omt) le définit comme un tourisme « qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil». Soit un tourisme dit alternatif qui tire sa raison d’être d’une valeur écologique ajoutée. Tourisme alternatif, ça se paie aussi. Pour faire plaisir à ses clients, il doit s’offrir le luxe de réussir. Et là, l’appui de l’Etat semble aussi de mise. Déjà, il y a eu une initiative à saluer : à Tataouine, au sud de la Tunisie, une résidence rurale dans la région de Tounket a déjà vu le jour. Et dans bien d’autres, d’ailleurs.
Toutefois, ce tourisme durable aura-t-il sa place sur les marchés extérieurs ? Et ces résidences rurales, appelées aussi gîtes ruraux, seraient-elles, vraiment, de nouveaux endroits prisés? Ont-elles les moyens de leur politique de promotion ? Ce conclave, prévu les 5 et 6 juin, au Centre urbain nord, dans la capitale, serait en mesure d’y répondre.