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Réconciliation pénale : un casse-tête !

Editorial La Presse

 

La réconciliation pénale, on en reparle encore—actualité oblige. Un dossier épineux, lourd en enjeux et en implications, mais qui, malheureusement, traîne et ne manque pas de laisser des zones d’ombre. La «version tunisienne» de ce principe judiciaire a calé, et pourtant les dossiers sont clairs, la plupart des coupables de crimes de malversations, de corruption, d’usurpation de biens publics et de détournement de fonds sont connus et plusieurs d’entre eux bénéficient même d’un suspect traitement. C’est-à-dire que dans ce dossier délicat, ces coupables, qui devraient être acculés et sous pression des jugements définitifs conformes à la gravité de leurs actes, sont au contraire en position confortable. Ils négocient mieux que l’Etat. Avec des biens spoliés avant et après le 14 Janvier et une justice qui a quand même identifié et condamné maintes personnes, on se demande encore ce qui empêche de boucler ce dossier pour permettre de renflouer les caisses de l’Etat. La commission chargée de ce dossier parle de manque de collaboration avec la justice, mais aussi de vices de forme et de petites défaillances qui permettent aux coupables de retarder les délais et de tendre vers des dédommagements faibles. C’est que la plupart de ces fraudeurs et coupables envers leur nation ne veulent pas verser des montants conséquents, mais des miettes pour être «blanchis» et jouir de leur liberté ! C’est cela, à notre avis, le point principal qui explique le blocage de ces dossiers. La justice traîne, cette commission a aussi traîné et ce sont les coupables qui en ont tiré profit. Quand l’Etat sera plus sévère et plus pragmatique dans sa démarche, quand les criminels seront découverts et n’auront plus d’immunité ou de traitement docile, quand la loi s’appliquera à la lettre pour récupérer les biens et les fonds spoliés, la réconciliation pénale sera sans doute plus efficace. On parle encore de montants dérisoires qui n’ont rien à voir avec la valeur des biens détournés qui se chiffrent en centaines de millions de dinars. Et franchement, ce principe d’acquittement total de gens qui usurpent et détournent des fonds publics, et qui payent une partie de ce qu’ils ont volé pour s’en sortir est aussi à revoir. La réconciliation devrait aussi préserver l’équité entre tout le monde : payer une partie de ce qui a été détourné ne doit pas aboutir à un acquittement total, sinon ce sera du deux poids deux mesures, et surtout ce sera une dangereuse doctriné qui encouragera les gens à commettre des crimes économiques tout en sachant qu’il y a une solution plus tard.

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