Kaïs Saïed à Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI : «S’il n’en reste qu’un qui refusera les recettes du FMI, je serai celui-là»

C’est par ces propos que le Chef de l’Etat s’est adressé à la directrice générale du FMI. Il met fin aux suppositions, aux interprétations des experts et analystes. Il trace une orientation claire pour l’étape à venir qui sera difficile mais moins périlleuse qu’une nouvelle politique de compensation aux contours encore flous où la redistribution des transferts sociaux sera saupoudrée, dispersée, inefficace. Un système qui risque de faire exploser le modèle social tunisien avec ses dommages collatéraux.

La rencontre du Chef de l’Etat avec la directrice générale du FMI, Mme Kristalina Georgieva, en marge des travaux du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui s’est déroulé à Paris, a été une nouvelle occasion pour réitérer la position de la Tunisie quant à la nécessité de réformer les institutions financières des accords de Bretton-Woods.

Lors de cette rencontre, le Président de la République a clairement indiqué que les conditions du Fonds monétaire international pour fournir un soutien financier à la Tunisie sont inacceptables car elles «affecteraient la paix civile, qui n’a pas de prix».

Il a, à cet effet, rappelé ce qui s’est passé en Tunisie fin décembre 1983 et début janvier 1984, lorsque des centaines de martyrs sont tombés après qu’on a annoncé la levée des subventions sur les céréales et dérivés.

Le Président de la République a souligné qu’il n’accepterait pas qu’une seule goutte de sang soit versée, expliquant que quiconque parle d’analyse de données ne connaît pas la réalité tunisienne.

En effet, décortiquer la réalité socioéconomique tunisienne n’est plus une question d’indicateurs dont les experts et analystes dissèquent les effets, mais une préoccupation populaire qui se traduit par l’envolée des prix des produits alimentaires de base et d’une érosion sans cesse grandissante du pouvoir d’achat. Face à des caisses vides, les dépenses publiques sont mal orientées et les recettes prélevées contrastent avec les objectifs de développement.

En effet, l’exigence de vérité nous oblige à reconnaître que depuis douze ans, notre croissance est molle et nous n’avons pas cessé de nous enfoncer. Cette dégradation des performances n’est pas seulement navrante, elle est devenue le cœur d’un problème social à hauts risques. Pourtant, le FMI continue à revendiquer l’application des mêmes recettes que celles imaginées il y a près de 80 ans.

En adoptant les mesures préconisées par le FMI en contrepartie de prêts, nous avons risqué de perdre notre souveraineté financière et cela nous a poussés à abdiquer devant les agences de notation et les bailleurs de fonds internationaux. Ce qui ne laisse pas beaucoup de choix à un Etat qui cherche à concentrer sa politique sociale sur la partie la plus nécessiteuse de la population, laissant de côté les catégories intermédiaires dont la paupérisation n’est plus à démontrer.

Le refus du Chef de l’Etat de recourir à une nouvelle politique de compensation aux contours encore flous où la redistribution des transferts sociaux sera saupoudrée, dispersée, inefficace, a bloqué la mise en œuvre d’un  système à hauts risques qui ne serait pas à même de garantir la solidarité et l’égalité de tous devant la maladie, le chômage, la vieillesse, le handicap.

Car si la Tunisie avait accepté tête basse cette approche périlleuses, c’est le modèle social tunisien qui aurait  explosé. Nous sommes aujourd’hui dans cette situation impossible qui nous oblige à dire non au FMI. Cela nous oblige à trouver des chemins nouveaux. Parce que les vieilles recettes ont fait leur temps.

2 Commentaires

  1. BRAHIM

    24/06/2023 à 20:01

    Je suis d’accord avec le Président et votre analyse qui rejoint sa position. Une simple question (idiote, me diriez-vous) : combien de temps faudra t-il attendre encore pour « trouver les chemins nouveaux » ? Car le peuple finira par s’impatienter et exploser. Au fait, quand cesserions-nous d’être des mendiants?

    Répondre

  2. Dr. E. Moudoud

    24/06/2023 à 22:28

    MERCI ENCORE SI CHOKRI…LES MOTS QU’IL FAUT. BEAUCOUP DE PAYS ‘FRÈRES AFRICAINS’ …SUIVENT AVEC UNE GRANDE ATTENTION ET SE DEMANDENT:’ MAINTENANT QUE VA FAIRE LE IFM…VA-T-IL ‘ÉCRASER’ LA TUNISIE ET ‘AFFAMER’ SON PEUPLE? EST-CE- QUE NOTRE ‘PETITE’ TUNISIE ‘MODÈLE DE DÉVELOPPEMENT POUR NOUS TOUS VA ‘CÈDER’ AUX ‘DICKATS’ DU IMF…SI PAR MALHEUR LA RÉPONSE EST ‘OUI’ …ALORS QUE DEVIENTRA-T-IL DE NOUS BIEN PLUS PAUVRES QUE LA TUNISIE?’ VOILÀ LE ‘VÉRITABLE’ ENJEU ‘IDIOLOGIQUE ET ‘ÉCONIMQUE’… ON A BESOIN ‘D’ALLIÉS STRATEGIQUES’ DANS LA MÊME SITUATION QUE NOUS…POUR DIRE NON EN ‘BLOC’ ET ‘COUPER L’HERBRE’ AUX DÉTENTEURS DES ‘VÉRITÉS ÉONOMIQUES DIVINES’ …ON N’EST PAS D’ACCORD…ON N’EST PAS D’ACCORD…ET ON PASSE À AUTRE CHOSE… ON NE VA PAS Y PASSER ‘TOUTE LA NUIT’…NOTRE KAIS LES REND FOUS…ILS N’ARRIVENT PAS À ‘AVALER’ QU’UN ‘PETIT’ PAYS COMME LA TUNISE…OSE LEUR DIRE ‘ALLEZ VOUS FAIRE F…..ET CHERCHE SES ‘PROPRES SOLUTIONS’…POUR ÉVITER À TOUT PRIX JANVIER 78, DÉCEMBRE 83 et JANVIER 84! ET ‘CASSER’ COMPLÈTEMENT NOTRE ‘SECTEUR PUBLIQUE’, QU’ON VA RÉFORMER, SURTOUT NOTRE ADMINISTRATION CENTRALE ET TERRITORIALE… MAIS À NOS CONDITIONS ÉCONOMIQUES ET INSTITUTIONNELLES PROPRES…D’AILLEURS SI LE IMF VEUT NOUS ‘AIDER’…POURQUOI IL NE NOUS AIDENT PAS À ‘RÉCUPER’ NOTRE ARGENT CHEZ LES BANQUES SUISSES OU ANGLAISES? IL A LES MEILLEURS ‘SERVICES DE RENSEIGNEMENTS’… EN TOUT CAS, ON N’A PAS BESOIN DE CES DONNEURS DE ‘LEÇONS’…MAINTENANT…COMBIEN DE TEMPS ON ‘TIENDRA’…JE N’AI PAS LES CHIFFRES QU’IL FAUT…QUE NOTRE KAIS ET NOS MILITAIRES DOIVENT AVOIR POUR BIEN ÉVALUER TOUTES NOS OPTIONS…MAIS LE SOUTIEN DE LA BAD, ET LE CHANGEMENT ‘D’ATTITUDE’ DE NOS ‘AMIS’ DE L’EUROPE DU SUD… SONT DE BONS SIGNES EN ATTENDANT DE NOUVEAUX SIGNES DE NOS ‘RICHES FRÈRES’ DU MOYEN ORIENT… EN TOUT CAS RESTONS ‘VIGILANTS’ COMME LE FAIT NOTRE KAIS…CAR POUR MOI, ÇA ‘DEVIENT’ UN ‘PROBLÈME DE SÉCURITÉ NATIONALE’. CAR LE IMF A UNE LONGUE HISTOIRE DE ‘COUPS FOIRRÉS’ COMME AU CHILI D’ALLENDE…EN 73! N’OUBLIONS JAMAIS CELA… VIVE LA TUNISIE. VIVE LA RÉPUBLIQUE. VIVE KAIS SAIED. BOURGUIBA NE MOURRA JAMAIS…JAMAIS.

    Répondre

Laisser un commentaire