La Tunisie, qui subit de plein fouet la grande sécheresse et ses conséquences environnementales, connaît mieux que quiconque les effets néfastes du changement climatique : déforestation, disparition du couvert végétal et des espèces rares, avancées à grands pas du désert, assèchement des plaines… Sans oublier les feux de forêt qui ravagent cet écosystème fragile mais ô combien indispensable à la survie des humains. En effet, chaque été, la Tunisie brûle, c’est comme si on voulait scier la branche sur laquelle on est assis, ou faire le choix d’une mort par asphyxie. Il est à noter que le couvert végétal en Tunisie ne dépasse pas 8,3%, alors que celui des autres pays de la Méditerranée varie entre 15 et 20%. L’arbre est un roi mage dans l’univers de l’homme, ses dons sont fabuleux, ses faveurs innombrables, écrivait Herbert Lash. Les dommages que subit ce bien commun causent au Trésor de l’Etat une perte annuelle d’environ 100 MDT, à cause de la détérioration des ressources forestières et pastorales à la suite des incendies et l’exploitation anarchique des terrains agricoles.
Depuis 1985, on dénombre chaque année entre 130 et 150 incendies, qui déciment en moyenne 1.500 hectares de forêt. Ce chiffre est en progression constante. Pourtant, la forêt est indispensable à notre survie. Elle occupe un peu plus d’un million d’hectares composés de plusieurs variétés de plantes, d’arbres, d’arbustes.
Il y a environ 1.200.000 Tunisiens qui vivent dans les forêts. Celles-ci jouent un rôle prépondérant dans la fixation du CO2 et, grâce à la photosynthèse, maintient le taux d’oxygène constant dans l’air. L’arbre protège le sol, le conserve et le féconde, ses racines forment des millions de petits barrages retenant l’eau de ruissellement, il adoucit les rigueurs de l’hiver, attiédit les chaleurs de l’été, amortit la violence du vent, protégeant ainsi nos cultures. La forêt filtre l’air, retient la poussière et purifie l’eau qui la traverse. Négliger les forêts et les exposer au feu et aux incendies, qu’ils soient accidentels ou criminels, est une forme de meurtre par négligence, par stupidité ou par cupidité contre ce bien commun.