L’actualité, ces derniers jours, est faite d’incidents de violence juvénile qui ont envahi l’Hexagone à partir de la banlieue nord parisienne où un jeune d’origine maghrébine a été tué par un policier. Ces incidents ont tourné en désolantes scènes de pillage organisé, de destruction de biens publics et d’affrontements avec la police française. Que peut-on retenir de ces émeutes violentes sinon l’échec entre autres du modèle d’intégration sociale « multiethnique » et « multiracial » qui a cartonné pendant un certain temps dans ce pays fondé sur la diversité ethnique et culturelle. Poussons le raisonnement plus loin : cette rébellion ne peut être lue uniquement selon un critère géographique : le contenu et le fond de ces mouvements de contestation juvénile, on les trouve partout dans le monde même si avec de petites différences. C’est une jeunesse en bonne partie rebelle qui rejette le système en place et qui aspire à en abolir les outils et les fondements à tout prix. La violence et les scènes de pillage et de chaos sont pratiquement les mêmes, que ce soit dans des pays développés (mais victimes de fractures sociales profondes) ou dans des pays pauvres et en état de guerre civile. Il s’agit, alors, d’une expression collective violente et intense à l’égard de ce que ces jeunes considèrent comme inégalité et atrocité du système qui régit leurs pays. Et quand les réseaux sociaux et les nouveaux modes de communication inter-jeunes entrent en jeu, cette vague prend de l’ampleur et trouve un terrain commun de méthodes et de stratagèmes.
Il s’agit dès lors d’un modèle social international classique et obsolète qui n’a pas accompagné l’évolution des modes de perception et de comportement de ces jeunes du 21e siècle. En même temps, l’on assiste de plus en plus dans le monde entier à la recrudescence des conflits ethniques et identitaires où la religion, l’appartenance et la couleur de peau surtout sont à l’origine de graves dissensions. Et cela complique le problème. Nous vivons dans une époque où la technologie a réduit d’une façon spectaculaire les distances entre les jeunes du monde entier qui communiquent facilement et partagent leurs modes de vie et leurs croyances sans aucune limite. C’est un autre monde, virtuel surtout, avec des valeurs et des clivages non idéologiques mais raciaux, comportementaux et sociaux qui créent des prédispositions à la violence et à l’exclusion. Il est temps d’instaurer un nouveau modèle social qui tienne compte de la particularité de chaque pays (même si l’on observe les mêmes faits partout) et qui essaye de comprendre, en premier lieu, cette jeunesse déboussolée et assez fragile devant les tentations des réseaux criminels et terroristes internationaux. Sinon la cassure va s’amplifier au risque de revoir d’autres émeutes plus violentes.