Le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, considère la signature du protocole d’accord entre la Tunisie et la Commission européenne comme un début prometteur pour un partenariat stratégique pouvant bénéficier à la fois à l’Union européenne et à la Tunisie, avant d’enchaîner que la Tunisie est un excellent partenaire avec un potentiel hautement positif dans les domaines de l’énergie verte et de la transition numérique.
Un peu plus d‘un mois après l’annonce d’une batterie de mesures en vue d’un accord qui s’articule autour d’un partenariat stratégique entre la Tunisie et l’Union européenne, un certain 11 juin 2023, le même décor était planté en ce 16 juillet 2023, au Palais de Carthage.
Mais, cette fois-ci, on a avancé d’un cran avec la signature, en bonne et due forme, d’un mémorandum d’entente sur un partenariat stratégique et global confirmant les cinq axes, précédemment énoncés par la présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen.
Il s’agit, certes, d’un nouvel élan pour les relations tuniso-européennes, mais ceci reste, pour le moment, un mémorandum susceptible de subir des retouches et autres modifications, dans un sens comme dans l’autre, dans la mesure où, comme l’a précisé le Président de la République, Kais Saïed, cette étape devrait être suivie, dans les meilleurs délais, par d’autres accords contraignants pour toutes les parties.
Autrement dit, il s’agit d’un simple début et, autant, un fondement sur lequel l’Etat tunisien est appelé à poursuivre sa démarche, en vue de la mise sur pied d’actions collectives réalisées entre les deux parties dans les différents secteurs de coopération.
Cette coopération engloberait, bien entendu, les domaines traditionnels touchant aux diverses activités économiques dont l’agriculture, les technologies et les mutations numériques, le transport aérien, les investissements avec la prochaine tenue d’un forum Union européenne – Tunisie en la matière, l’adoption d’une énergie verte avec une réduction sensible des émissions de carbone et un renforcement de la production d’hydrogène et autres énergies renouvelables.
Après Tunis, tous les yeux se tournent vers Rome
Autres domaines évoqués par le mémorandum, l’éducation, l’enseignement, la recherche et l’innovation ainsi que la question épineuse de la migration, appelée à être étroitement associée au développement économique, tout en bannissant celle qui est irrégulière.
Il faut dire qu’aussi bien pour la partie tunisienne que pour la partie européenne, elles appréhendent ces flux migratoires illégaux qui ouvrent la voie à tous les abus et dérapages avec, en arrière plan, la traite des êtres humains et le trafic d’organes, désormais, composantes du crime organisé.
En tout état de cause, la Tunisie, qui prône une démarche fondée sur l’ouverture, la mobilité et la liberté des déplacements, ne cesse de lutter contre l’immigration illégale et de dénoncer les réseaux criminels et les passeurs ; d’où ses incessants appels pour une meilleure coopération en faveur d’une meilleure gestion des frontières.
Ce mémorandum devrait faire, par ailleurs, l’objet de nouvelles discussions lors de la tenue, dimanche prochain, 23 juillet à Rome, d’une réunion au sommet groupant des dirigeants de pays des deux rives de la Méditerranée et où le Président Kaïs Saïed sera l’invité de marque, comme l’a précisé la Cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni. A l’ordre du jour de la rencontre de Rome, encore et toujours, la question migratoire associée toutefois a un programme de développement.
Des bénéfices pour les deux côtés de la Méditerranée
Bon à savoir, la présidente du Conseil italien estime que le protocole d’accord sur le partenariat stratégique et global entre la Tunisie et l’Union européenne constitue une étape importante pour faire face à la crise migratoire des deux côtés de la Méditerranée.
Mieux encore, « l’Union européenne semble souhaiter négocier avec l’Egypte et le Maroc des partenariats similaires à celui qu’elle vient de conclure avec la Tunisie, portant notamment sur la lutte contre l’immigration irrégulière, selon l’AFP, citant une source européenne.
« L’Egypte et le Maroc sont deux pays qui pourraient être concernés», a indiqué un haut responsable européen s’exprimant sous couvert de l’anonymat, soulignant les bénéfices de ce type de partenariat pour les deux côtés de la Méditerranée. «Le partenariat entre la Tunisie et l’Union européenne dans ce domaine doit être considéré comme un modèle du genre pour construire de nouvelles relations avec les pays voisins dans la région nord-africaine… » analyse le responsable.
On rappellera, dans ce sens, que le Premier ministre néerlandais, Mark Rutte, considère la signature du protocole d’accord entre la Tunisie et la Commission européenne comme un début prometteur pour un partenariat stratégique pouvant bénéficier à la fois à l’Union européenne et à la Tunisie, avant d’enchaîner que la Tunisie est un excellent partenaire avec un potentiel hautement positif dans les domaines de l’énergie verte et de la transition numérique.
Les observateurs sont d’avis que, grâce à cet accord, la Tunisie a conforté sa position selon laquelle elle n’est ni terre d’implantation ni ne sera un garde frontières de pays tiers, dans la mesure où elle a réussi, finalement, à faire prévaloir ses choix, tout en échappant aux tentatives initiales de certaines parties européennes qui voulaient lui imposer une sorte de marchandage.
En effet, dans un passé proche, l’UE avait conditionné tout accord au prêt du FMI.
Cette condition n’est désormais plus de mise. Sans oublier que tel qu’il est mentionné dans le mémorandum d’entente, le futur accord pourrait impliquer une partie de la société civile tunisienne.
D’ailleurs, un diplomate chevronné et respecté, en l’occurrence Ahmed Ounaïes, ancien ministre des Affaires étrangères, avait estimé dans une déclaration faite à une radio de la place, que l’accord tuniso-européen est positif dans son ensemble et qu’il peut constituer une bonne base pour la suite des discussions.