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En arrière toute !

Editorial La Presse

 

De  la politique au domaine artistique, en passant par le social, le sport et autres domaines de la vie, on remarque de plus en plus ce retour exagéré au passé. Au point de vivre carrément dans ce qu’on perçoit comme un âge d’or et une époque glorieuse, alors qu’en réalité, ce passé n’est pas toujours aussi reluisant que l’on croit. Pratiquement, cette nostalgie maladive pour tout ce qui se faisait et se disait avant dépasse le simple apprentissage fructueux de l’histoire, elle va plus loin. On remarque alors cette tendance à sacraliser ce passé avec toutes ses injustices, sa précarité et sa misère parfois ; tout cela parce qu’on rejette un présent décevant et tumultueux.

En même temps, il y a un dénigrement systématique de tout ce qui se fait aujourd’hui même si la qualité n’est pas toujours évidente. Un refus cinglant de toutes les innovations et réalisations, en cherchant à fuir ce présent à problèmes épineux et complexes, vers un passé que l’on pense plus tranquille et une société vivant en paix. Oui, avant, les artistes par exemple étaient nettement plus créatifs et plus nobles qu’aujourd’hui, mais va-t-on toujours écouter et regarder les fictions et les œuvres artistiques du passé tous les jours ? Va-t-on passer toute la vie à ressasser ce passé et à vouloir l’imposer naïvement à notre époque ? Des galas passent dans les festivals et ne font que reprendre des chansons, voire des génériques (quelle légèreté!) d’il y a 10 ou 20 ans, des feuilletons sont repris en boucle au point d’être lassants, et tout cela fait gagner de l’argent facile à leurs auteurs. Où est la création de notre époque ? Même si en politique et ailleurs, il y a une indigence manifeste en talents, on ne peut soigner cela en plongeant aveuglément et avec  une fausse nostalgie dans le passé. Pour écrire l’avenir, il faut construire sur le présent en apprenant du passé et non en voulant le ressusciter bon gré mal gré. L’histoire avance et ne recule pas. Il y a du bon à vivre maintenant, et il n’y a pas que du bien dans le passé. Les grandes nations avancent en vivant leur époque et non en replongeant dans les époques antérieures avec subjectivité. Une subjectivité fatale qui vous montre en rose tout ce qui se faisait avant. Et c’est là l’erreur funeste qui compromet les chances de progresser. Aimons bien ce passé, mais vivons notre époque et regardons vers l’avenir ! 

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