Accueil A la une Festival international de Carthage | Nordo : Le sens du show

Festival international de Carthage | Nordo : Le sens du show

 

Il y a quelques années, il n’était même pas envisageable de voir des artistes de la scène alternative sur les planches du Festival international de Carthage, et quand une soirée RAP a été programmée après la révolution, l’opinion était sceptique. Que venaient faire ces artistes de seconde zone sur une scène prestigieuse ? L’idée même, pour certains, était peu envisageable.

Aujourd’hui et depuis quelque temps déjà, ces artistes s’imposent comme une évidence. Avec des titres à des centaines de millions de vues sur Youtube, des paroles chantées par tous et par tous les âges… Des artistes comme Balti (l’aîné qui sera sur la scène de Dougga), Samara, Armasta, Klay BBJ, Janjoun et Nordo et bien d’autres encore répondent à l’appel d’un public de plus en plus large, offrent des shows d’exception, touchent par du flow, du groove et du swag qui leur sont propres.

Les critères ne sont pas les mêmes, l’identité est différente et l’approche au chant aussi.

Ce que ces artistes proposent ou créent, ce sont des paroles, une poésie urbaine, un goût du bitume, des images de murs lézardés, du populaire, du vrai, du dur, du trash, des visions termes d’une existence qui a grand besoin de changement et de lueur d’espoir.

Les voix sont, à leur tour, particulières, rêches, dures, fortes, agressives, enrouées, un timbre reconnaissance aux premières syllabes. Ces artistes-là, c’est du tempérament, du style, du vécu et de la verve de poètes.

Nordo à Carthage a fait vibrer son public. Etonnants étaient les gradins, pleins à craquer. Son public était d’une large diversité. Des jeunes, des enfants, des ados, mais aussi des femmes, la quarantaine même plus, des hommes bien sapés, des pères de famille, des grands-mères tous connaissaient les paroles de Nordo par cœur.

Seconde surprise de la soirée, Nordo n’a pas fait dans l’économie, il a construit un show avec minutie. Une formation orchestrale avec violons, violoncelles, clavier et percussions en plus de la guitare et de la basse soutenait sa bande audio. Avoir recours à l’auto-tune, un programme de modification de la voix fait probablement partie du jeu. Mais a causé un mauvais départ de concert pour l’artiste. Une première panne très vite contenue. Nordo a chanté pour ses fans Arbouch, puis il enchaîne avec d’autres titres. Beaucoup d’énergie et de peps dans le show, ça danse, ça bouge, ça enflamme le public déjà très chaud.

Nordo a été simplement éblouissant. Il a touché les cœurs et fait vibrer et danser le public. Chanteur, compositeur, acteur et danseur, il avait ce petit détail de plus qui faisait la différence le rendant si touchant, si proche, si vrai dans ce qu’il fait.

Une pléiade de projecteurs d’éclairage dynamisait et balayait de couleurs l’assistance, les écrans placés derrière lui projetait  son avatar. «Carthage Bonsoir ! ca fait du bien d’être ici» a lancé le chanteur après «Ghariba» avant d’enchaîner habilement  avec d’autres succès comme «Ana wa lil», «Fi Laman», «Darou bina», «Layam», «Wahch Klani», «Iniya» «Las7ab» et «Yadonia», appuyés par ses musiciens bien inspirés.

Rythmé de bout en bout, le show a atteint son paroxysme avec les chansons «La mama», «Chouk al 3adyan» et «Ayech Layali» en plus de l’invitation de Armasta pour «Mani wlidek» et du rappeur algérien Didine Canon 16 venu spécialement pour interpréter avec lui «Ayech».

Seul hic de la soirée, ce sont les pannes techniques de son qui ont tout de même quelque peu gâché le plaisir. A deux reprises, l’artiste quitte la scène et interrompt le spectacle quelques secondes, mais qui ont été ressenties interminables. Et quoique, lors de la conférence de presse, qui s’est tenue après concert, Nordo a reconnu que ces pannes venaient de son équipe, toujours est-il que le festival international de Carthage reste responsable de la bonne tenue des spectacles, une image à préserver, une réputation à entretenir.

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