Alain Nadaud, écrivain prolifique (1948-2015), passé par plusieurs maisons d’édition, grand voyageur, avait choisi la Tunisie pour y vivre et écrire. Pourtant, disait-il un jour «il est dur d’écrire en Tunisie, ah bon !Oui, comment s’isoler quand vous êtes sollicité en permanence par la rue, le beau temps, le soleil, les amis ?». Mort en 2015 au large de la Grèce qu’il chérissait particulièrement, il était marié à Sadika Keskes, artiste, souffleuse de verre.
Pas assez visible par le grand public, Nadaud était un écrivain plutôt connu dans les milieux universitaires français et européen. En 2014, soit un an avant sa disparition, il écrit son dernier opus: «Journal du non écrire», éd. Tarabuste.
Un court texte de 80 pages où, avec une approche tant philosophique que littéraire, il expose le cas d’un écrivain qui arrête d’écrire. Prémonition ?
Je regrette aujourd’hui (il est toujours tard quand on a des regrets) d’avoir manqué des rendez-vous avec lui. Pourtant, je me faisais une vraie joie de nos rencontres.
Un voyage de quelques jours en sa compagnie à Rome, où sa femme Sadika exposait une pièce monumentale en verre soufflé au siège de la FAO, m’a permis de mieux connaître Nadaud, un être fragile, attachant et plein de connaissances. Et Pierre Michon dans tout cela ? J’appris par Sadika que Nadaud était ami avec lui, qu’il allait chez lui.
En 2019, paraît Michon dans les Cahiers de l’Herne (N°120), cahier dirigé par Agnès Castiglione, Dominique Viard et Philippe Artières, avec des textes inédits de Pierre Michon. Je feuillette l’ouvrage avec intérêt et plaisir ; parmi les textes commentés par de grands noms de la littérature et les illustrations, figure une photo signée Sadika (p.172). Je lui en fis part, elle était contente et m’apprit qu’elle allait voir Michon chez lui dans son hameau des Cards dans la Creuse. Mieux, elle me proposa de l’accompagner, ce que je ne fis pas. Vous imaginez, rencontrer Michon comme qui dirait rencontrer Balzac ou Flaubert au XIXe siècle. Regrets.