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Industrie pharmaceutique : Un secteur clé pour la croissance et la compétitivité

 

Promouvoir davantage les investissements dans l’industrie pharmaceutique est une opportunité pour la Tunisie. Malgré la petite taille de son marché, notre pays est une destination propice pour les investisseurs pharmaceutiques qui cherchent à exporter vers les marchés africains et européens. Afin d’atteindre ses objectifs, la Tunisie doit promouvoir davantage le développement du secteur et coordonner les politiques publiques et les différentes initiatives menées.

L’industrie pharmaceutique est un secteur important et en pleine croissance pour de nombreuses économies dans le monde. En 2020, le marché pharmaceutique mondial a dépassé les 1.300 milliards USD de revenus globaux et il devrait atteindre les 1.600 milliards USD d’ici 2025, selon «Iqvia Institute» (2021).

Si le secteur reste dominé par les marchés développés, à savoir les États-Unis, l’Union européenne et le Japon, il existe également des opportunités croissantes pour les marchés émergents.

Avec un marché de plus de 32 milliards USD, le secteur pharmaceutique de la région «Mena» devrait connaître un taux de croissance de près de 10% par an, soit une progression environ deux fois plus rapide que le marché mondial.

Selon l’ OMS, la Tunisie a le potentiel de jouer un rôle important dans le futur centre de transfert de technologie «ARNm» visant à donner aux pays à revenu faible et intermédiaire les moyens de produire leurs propres vaccins, médicaments et diagnostics pour pouvoir faire face aux urgences sanitaires et atteindre une couverture sanitaire universelle.

Ces dernières années, un certain nombre d’initiatives ont été mises en place en Tunisie afin de favoriser les investissements dans le secteur pharmaceutique, notamment une feuille de route appelée «Pacte de partenariat public-privé pour le développement de la compétitivité du secteur pharmaceutique» (Pacte sectoriel), élaboré en 2019.

Si le Pacte fixe des objectifs concrets pour le développement du secteur et est issu d’un consensus entre toutes les parties prenantes concernées, la majorité de ses recommandations doivent encore être mises en œuvre.

Une stratégie industrielle d’ensemble ainsi qu’un système de gouvernance plus solide pour le secteur sont également nécessaires.

Un marché de petite taille

«Bien qu’il ne représente que 1,5% du produit intérieur brut et que la taille du marché soit seulement de 681 millions USD (en termes de ventes), le secteur pharmaceutique est l’une des industries connaissant la croissance la plus rapide en Tunisie. Le marché devrait se développer à un taux de croissance annuel composé de 11,1% de 2021 à 2025, pour atteindre 747 millions USD», c’est ce qui ressort d’un document de travail, édité par l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde) en 2022.

Malgré la petite taille de son marché, la Tunisie est une destination propice pour les investisseurs pharmaceutiques qui cherchent à exporter vers les marchés africains et européens.

«Actuellement, plus de 70 entreprises en Tunisie sont actives dans tous les segments de la chaîne de valeur pharmaceutique, depuis les activités de recherche et développement, la fabrication d’intrants pour l’industrie pharmaceutique, jusqu’aux canaux de production et de distribution. En 2020, la production locale totale des entreprises pharmaceutiques était estimée à plus de 474 millions USD. Le marché est partagé entre les entreprises qui produisent des médicaments à usage humain (29%), suivies par les produits pharmaceutiques à usage unique (27%) et les autres produits pharmaceutiques (16%)», indique la même source.

D’après les statistiques disponibles, les investissements étrangers dans le secteur pharmaceutique en Tunisie sont limités. Entre 2003 et 2021, le charbon, le pétrole et le gaz naturel ont représenté près de 25% (30,7 milliards USD) des IDE, tandis que les investissements dans les industries liées à la santé ne dépassaient pas 1% du total. «La Tunisie n’a reçu que trois investissements pour la fabrication de produits pharmaceutiques en 2006, 2009 et 2011 de la part de l’Italie et de la France. De même, elle a bénéficié de deux investissements en biotechnologie en 2003 et 2011, de la part de l’Allemagne et du Canada respectivement, mais ceux-ci étaient principalement liés à la vente et à la commercialisation de produits biologiques. Les principaux investisseurs en Tunisie sont les Emirats arabes unis, la France, le Qatar, l’Italie et l’Allemagne», selon l’Ocde.

La Tunisie présente des opportunités attrayantes pour les entreprises pharmaceutiques grâce à son emplacement stratégique, à son abondance de diplômés de l’enseignement supérieur et à la présence d’une main-d’œuvre qualifiée.

La croissance du secteur pharmaceutique pourrait offrir davantage d’opportunités d’emploi aux professionnels de la santé tunisiens sans emploi ou sous-employés. Mais le pays n’a pas encore atteint tout son potentiel.

Les secteurs public et privé tunisiens pourraient faire davantage pour exploiter le potentiel du pays comme centre majeur régional du secteur pharmaceutique attirant les investisseurs mondiaux et permettant d’approvisionner les marchés voisins et d’intégrer l’économie dans les chaînes internationales de production pharmaceutique.

Cadre réglementaire inadapté

Plusieurs initiatives ont déjà été entreprises pour améliorer l’environnement commercial et réglementaire général pour les investisseurs grâce à sa loi sur l’investissement de 2016. «La nouvelle loi a notamment simplifié les procédures d’investissement et supprimé la procédure d’examen préalable pour les projets à participation majoritaire étrangère. Les investisseurs étrangers sont également autorisés à détenir jusqu’à 100% du capital pour la construction d’usines pharmaceutiques et de cliniques privées. Ils sont assurés du libre transfert des capitaux et se voient offrir une réduction des droits de douane pour les équipements et les matières premières. En 2019, le gouvernement a également annoncé une baisse de la fiscalité pour les entreprises opérant dans le secteur pharmaceutique. Globalement, ces réformes se répercutent sur l’Indice de l’Ocde de restrictivité de la réglementation de l’IDE, dans lequel la Tunisie affiche un environnement relativement ouvert à l’investissement», selon l’Organisation de coopération et de développement économiques.

Malgré ces actions pour l’amélioration du climat des affaires, beaucoup reste à faire. La Pharmacie centrale de Tunisie a le monopole pour tous les produits pharmaceutiques importés, à un prix et selon une procédure établis par les ministères de la Santé, des Affaires sociales et du Commerce.

Aussi, les entreprises étrangères, en particulier, sont obligées de supporter le risque de dépréciation du dinar pendant une période de quatre ans à partir du moment où elles reçoivent l’AMM.

Selon l’Ites (2022), il est également indiqué que le processus de fixation des prix n’est pas transparent et qu’il existe un manque de confiance entre les ministères. «Dans l’ensemble, de telles pratiques créent des conditions non optimales pour l’industrie et ont un effet de distorsion sur le commerce international des produits pharmaceutiques tunisiens».

Le paiement des produits pharmaceutiques importés est également assuré par la Pharmacie centrale qui est actuellement confrontée à d’importants retards de paiement envers ses fournisseurs étrangers, ce qui crée des obstacles importants à la continuité des affaires pour les investisseurs internationaux.

D’après le document de travail de l’Ocde, un défi majeur auquel la Tunisie est confrontée et qui affecte directement le secteur pharmaceutique est la nécessité d’aligner les priorités des différents ministères.

«Les ministères impliqués dans la réglementation du marché comprennent le ministère de la Santé, le ministère de l’Industrie et du Commerce, et le ministère des Affaires sociales. Cependant, il n’existe actuellement aucun mécanisme de gouvernance permettant de donner un rôle prépondérant à un ministère dans l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie pharmaceutique. Le gouvernement a débattu de la création d’une Agence du médicament pour rassembler les structures existantes et réglementer le secteur pharmaceutique, mais cela ne s’est pas encore concrétisé. Dans ce processus, les partenaires de développement actuels qui proposent des réformes sectorielles devraient également s’efforcer d’éliminer les chevauchements et les doubles emplois», annonce la source.

Recherche et développement limitées

D’après les constatations, la Tunisie doit établir une politique de recherche et promouvoir davantage la recherche et le développement (R&D) pour consolider son industrie pharmaceutique.

Aujourd’hui, la grande partie des investissements des sociétés multinationales se concentre sur la mise à niveau des capacités de fabrication plutôt que sur la recherche proprement dite. Une R&D limitée peut réduire l’intérêt des entreprises qui se concentrent sur les médicaments de nouvelle génération (basés sur la biotechnologie) qui devraient représenter plus de la moitié des 100 médicaments les plus vendus d’ici 2026.

Aussi, la R&D est largement menée par le secteur public, mais le gouvernement a l’intention d’encourager une plus grande contribution du secteur privé, notamment par le biais d’une collaboration entre les universités et les entreprises en matière de recherche et développement.

Des constations font ressortir d’autres lacunes, à savoir les fabricants de produits pharmaceutiques en Tunisie sont confrontés à plusieurs défis, notamment le manque d’infrastructures permettant des liaisons aériennes et maritimes directes, et des coûts logistiques élevés qui entravent leurs opérations nationales et transnationales.

«Près de 50% des entreprises exportatrices en Tunisie identifient les coûts de transport comme une contrainte majeure pour leur activité», selon la Banque mondiale. Ce chiffre est le plus élevé des pays voisins de la Tunisie en Méditerranée, ce qui accroît les coûts logistiques et limite davantage son intégration dans les chaînes de valeur, d’après l’Ocde. La compagnie aérienne nationale ne disposerait pas non plus de la flotte nécessaire à l’exportation de produits pharmaceutiques.

Des efforts supplémentaires doivent également porter sur la réduction du temps moyen passé à la frontière par toutes les entreprises, notamment dans les principaux ports du pays.

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