LE « chantier » de redressement socioéconomique du Chef du gouvernement a bien démarré, et il s’engage de fait dans un contexte extrêmement difficile. Tous les indicateurs sont justement au rouge et le nouveau locataire de La Kasbah devrait peiner pour identifier la parade « miracle ». Car il n’est plus question de trouver de simples calmants mais il s’agit plutôt d’administrer de vrais remèdes.
La mission est certes difficile et délicate, mais elle reste tout à fait possible pour peu que la feuille de route, prévue à cet effet, soit soigneusement établie, et surtout adossée à une échelle de priorités bien précises.
Une feuille de route qui, pour aboutir, devrait tenir compte d’un parallèle à deux vitesses : l’une pour l’urgent et l’autre pour l’essentiel. C’est-à-dire l’immédiat et le stratégique.
Pour l’urgent, les efforts devraient concerner, d’abord, la revalorisation de nos secteurs économiques « clés ». On pense au tourisme, à l’agriculture et aux industries mécaniques et électriques. Mais on pense aussi et surtout au textile-habillement.
Il est vrai que ce secteur, longtemps qualifié de levier fondamental de l’économie nationale, avec notamment une contribution de près de 27% au PIB en 2014-2015, a beaucoup perdu de son dynamisme et se retrouve, depuis quelques années, en perte de vitesse inquiétante : on parle de dizaines de milliers de postes d’emploi perdus, d’un niveau d’export loin de refléter le potentiel réel du secteur et d’une part au PIB beaucoup moins importante.
C’est, d’ailleurs, ce constat préoccupant qui a conduit au lancement, en 2019, d’un plan d’action de 5 ans pour la relance, dans un premier lieu, du secteur et sa mise, ensuite, dans une logique de performance durable.
Les objectifs prioritaires de ce programme consistaient essentiellement en l’amélioration de la chaîne de valeur de cette industrie, à « la création, au terme de l’année 2023, d’environ 50 mille postes d’emploi et le repositionnement de notre pays parmi les 5 premiers fournisseurs de l’Europe ».
Aujourd’hui, plus de quatre ans après le lancement de ce programme, on se retrouve malheureusement très loin encore du compte, faute de moyens financiers, d’implication consciencieuse des structures d’appui et efficaces de certains décideurs. Sans parler, bien entendu, de la mauvaise lecture des nouvelles tendances sur le marché international.
Autant donc de défaillances qui imposent une remise en question sérieuse de la situation de cette industrie et l’identification des approches adéquates qui pourraient aider le textile tunisien à retrouver rapidement son statut habituel. Notre pays est en mesure de relever cet enjeu capital, surtout que les opportunités sont toujours importantes : une main-d’œuvre qualifiée et peu coûteuse, une proximité géographique avantageuse, une ouverture à l’international préférentielle et une production flexible.
De telles orientations ne devraient pas se limiter au seul textile, mais il faudrait qu’elles impliquent tous les secteurs économiques, notamment ceux à forte valeur ajoutée.
Cette exigence donne toute son importance à la deuxième vitesse du parallèle que notre gouvernement est appelé à suivre : le stratégique, comprendre la prospection et la planification à long terme. Des éléments fondamentaux pour renforcer la capacité d’anticipation et de résilience de notre économie nationale.