Décidément, le Tunisien n’a plus droit à un vrai dessert à base de fruits de saison. Leur prix est hors de portée de la bourse de la majorité des classes sociales.
L’été, pourtant, est connu par la profusion de fruits de toutes sortes. Il n’y a pas très longtemps, les Tunisiens s’en donnaient à cœur-joie et ne se privaient pas de ces trésors que leur offrait la nature. Malheureusement, cette opportunité n’est plus qu’un souvenir.
Acheter une quantité de fruits relève, aujourd’hui, de la gageure.
C’est quasiment un luxe de rapporter, dans son panier, un kg de figues, par exemple, ou un kg de poires. Bref, il est presque impossible d’acheter ces produits comme on le faisait avant. C’est-à-dire il y a quelques années, à peine. Ce qui ne coûtait que 800 millimes et qui ne dépassait jamais les deux dinars au plus haut de sa côte (il y a de cela moins de 10 ans) atteint, aujourd’hui, des sommets. On prend, à titre d’exemple, les figues, justement. Leur prix s’est multiplié par 10 voire par 12 ou 14. Vérification faite dans les marchés.
Alors que la saison des melons et des pastèques bat son plein, ces fruits ne connaissent pas de baisse dans les prix malgré leur abondance sur le marché. Beaucoup de marchands profitent de l’aubaine et font monter les enchères comme bon leur semble.
Les figues de Barbarie aussi !
Même les figues de Barbarie n’échappent pas à cette envolée folle des prix. Et dire qu’elles étaient considérées, jusque-là, comme le fruit des masses populaires !
Si, par hasard, on jette un coup d’œil sur les mercuriales du marché de gros de Bir El Kassaâ, on ne peut que s’étonner des prix mentionnés. Ils n’ont rien à voir avec ceux pratiqués par tous les marchands de fruits et légumes. Même les prix maximum indiqués dans ces mercuriales sont largement dépassés par les tarifs en vigueur chez les revendeurs des quartiers ou dans les marchés municipaux ou hebdomadaires.
Il suffit de se référer, en effet, à l’année précédente pour se faire une idée sur ces augmentations sans précédent. Le melon qui était écoulé à 900 millimes le kg en 2022 a atteint 2.500 au 1er août 2023. Les pastèques coûtaient 500 millimes à la même période de 2022. Aujourd’hui, ils sont vendus à 1.300. A l’exception des pommes dont les prix sont restés stables (4.000) parce qu’elles proviennent des frigos et des poires (8.000), tous les autres articles ont suivi une courbe ascendante. Les prunes (fin de saison) passent de 3.500 à 4.000 millimes, les pêches de 4.000 à 5.000 et les raisins de 3.500 passent, allègrement, à 6.000. Mais, tenez-vous bien ! Tous ces prix n’existent que sur le papier ou dans les locaux des marchés de gros.
Les Tunisiens sont résignés
Dans la réalité, c’est une autre paire de manches. Autrement dit ces marchés de gros ne sont qu’une simple référence qui contraste, étrangement, avec le vécu du consommateur et avec la vérité des prix. En un mot, l’état des prix n’est pas rassurant. Les consommateurs se sentent, non seulement, lésés mais privés du droit de se faire plaisir. Mais sans trop de sacrifices.
Ce qui ne manque pas d’interpeller, par ailleurs, c’est ce niveau très élevé des prix. On ne lui trouve aucune justification valable. Rien, en fait, n’explique ce qui se fait dans les marchés et chez tous les marchands. Tout ce qu’on peut avancer comme arguments pour justifier cette situation ne tient pas debout. La sécheresse, la canicule, la cherté des intrants pour les agriculteurs etc… ne sont, en fait, que des prétextes. Car avec ou sans ces conditions naturelles difficiles les prix n’auraient jamais baissé. On le constate partout et à tous les niveaux.
Les hausses généralisées sont devenues une règle. Le phénomène s’est banalisé à tel point que le Tunisien en est arrivé à composer avec et se contente de subir. Devant l’incapacité des parties concernées à mettre fin à de telles pratiques, des jours plus difficiles attendent le consommateur tunisien.