Comme tout le monde, j’ai appris mardi dernier la disparition de l’une des belles voix qui a fait sensation partout dans le monde. Le hasard a fait que le lendemain, je me trouvais avec un ami italien, la longue discussion tournait fatalement autour du chanteur décédé à Milan, à l’âge de 80 ans : Toto Cutugno.
On est dans les années 80, l’heure n’était pas franchement à la joie, mais l’Italie ne reconnaît ni l’austérité ni le blues, il y a le cinéma populaire, social, Alberto Sordi, Nino Manfredi… qui faisaient rigoler l’Italie et au-delà. Pour la chanson, le Festival de musique de San Remo, qui se déroule au mois de février pourvoyait le pays et l’Europe en chansons, signalons au passage que de tout temps l’Italie n’a cessé de chanter.
San Remo est un festival-spectacle qu’aucun Italien ne manquait pour rien au monde, c’est une institution nationale. En 1983, la lauréate est Tiziana Rivali (Sarà quel, que sarà) dans la playlist de l’édition se trouvait Toto Cutugno, chanteur de haute facture qui a composé des centaines de chansons et des tubes repris par d’autres chanteurs (Adriano Celentano, Joe Dassin, Dalida, etc). Il sera classé 5e. Sa chanson s’appelle L’Italiano. Ah, l’Italiano, qui ne connaît pas cette chanson.
En cette année 1983, l’album L’Italiano a fait l’effet d’une bombe à fragmentation à large spectre, elle est programmée partout, radios, télés, sifflotée dans la rue, elle est reprise par les jeunes, les adultes et les vieux, elle est dans toutes les boîtes de nuit ; bref un tube trans-générationnel, diront les sociologues. Il serait long d’évoquer les raisons du succès et interminable de citer les ressorts qui ont présidé au succès de l’Italiano ( l’Italie qui redresse la tête en gagnant la coupe de monde en 1982, la Fiat 600 qui conquiert le monde entier… ), mais le déclic réel est venu en somme à la suite d’un concert à Toronto, au Canada, en 1981, où Cutugno a constaté que dans la salle, il y avait 3.500 spectateurs « 7000 yeux qui me regardaient, c’étaient tous des Italiens… », révèlera-t-il.
Il voulait au départ confier la chanson écrite par Cristiano Minellono à son ami Adriano Celentano (la légende de la chanson italienne) ; finalement, il décide de la chanter lui-même, bien lui en prit. L’album L’Italiano sera vendu à près de 100 millions d’exemplaires. L’Italiano, une chanson à pleurer de joie. Une bombe de joie plutôt.