DANS les pays avancés et dits démocratiques, les différentes parties politiques et sociales ont chacune des attributions fixées par la Constitution et les lois. Ceci est valable, notamment, pour le pouvoir en place et les syndicats censés défendre les droits des travailleurs.
Ce scénario, qui n’a pas été souvent suivi en Tunisie, peut-il devenir un programme respecté par les différentes parties actives dans la vie politique et publique ?
Après le passage du secrétaire général de l’Ugtt à l’hôpital militaire où il a été soigné et a reçu les vœux de la présidence de la République et du gouvernement, les choses semblent prendre une autre tournure.
En effet, Taboubi vient de prononcer un discours dans lequel il a refait usage d’un langage évoquant le choix entre le dialogue national et la confrontation. Un discours qu’on croyait révolu à un moment où les Tunisiens ont exprimé, sans détours et à plusieurs reprises, leur rejet des grèves incessantes et des pressions syndicales de toutes sortes.
Le patron de l’Ugtt semble avoir oublié que, désormais, le pluralisme syndical est de mise, que d’autres formations syndicales sont actives. Et que même au sein de la maison de Mohamed Ali Hammi, il est contesté.
Question : pourquoi Taboubi veut-il, donc, imposer, en « solo », un dialogue, alors que même les instigateurs du projet de négociation avec le pouvoir ne sont jamais parvenus à un accord entre eux sur ce point précis ?
Le secrétaire général veut-il, par ses nouvelles déclarations, mettre le pouvoir dans l’embarras, dans la mesure où, en cas d’échec, c’est le pouvoir qui sera pris pour responsable de toute éventuelle explosion sociale ?
Le plan du S.G veut-il, par cette escalade verbale, retrouver cohésion et solidarité au sein de la centrale? Avant de s’engager dans d’éventuelles confrontations avec un pouvoir qui a opposé une fin de non-recevoir aux revendications considérées comme excessives et inacceptables.
S’il est incontestable de reconnaître à l’Ugtt sa place et son poids en tant que composante de la société, qui a joué un rôle majeur dans la lutte pour la libération nationale, il est aussi indéniable qu’elle devrait procéder à une révision de ses positions pour espérer contribuer, un tant soit peu, en tant que partenaire et non que rival, à la stabilité politique et sociale du pays.