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Commentaire | La graine des grands champions

«Le sport va chercher la peur pour la dominer, la fatigue pour en triompher, la difficulté pour la vaincre». Cette alchimie à trois niveaux de Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques modernes, représente l’esprit même du sport. L’apanage, en quelque sorte, des grands champions.

Une logique que confirme Kilian Jornet, ultratraileur, : «gagner, ce n’est pas finir en première position. Ce n’est pas battre les autres. Gagner, c’est vaincre soi-même. Vaincre notre corps, nos limites et nos peurs. Gagner, c’est se dépasser soi-même et transformer les rêves en réalité».

Comprendre que, pour exceller, il faut, avant tout, se doter d’un mental d’acier, avoir du caractère et disposer d’une large capacité d’adaptation. Des éléments clés qui permettent de bien gérer le stress et surtout trouver toujours les ressources nécessaires pour redresser les situations, notamment complexes.

Une exigence bien élevée qui conditionne le développement de compétences exceptionnelles et la garantie d’une carrière bien accomplie. Et c’est certainement cette mentalité qui a toujours manqué à Ons Jabeur. Certes, notre championne nous a honorés, procuré énormément de plaisirs, et a constitué un motif de fierté au double niveau arabe et africain. Et même mondial. En témoigne sa large popularité et l’estime exceptionnelle de légendes sportives internationales : Roger Federer, Serena Williams, et la légendaire Tenniswomen américaine, Billie Jean King.

D’ailleurs, depuis quelques années, notre championne est devenue une source d’inspiration pour des milliers de jeunes. Cela est tout à fait légitime, car de l’avis de tous les puristes, Ons Jabeur est, de loin, la joueuse la plus technique du circuit. Elle est dotée d’un registre consistant et varié, avec surtout un jeu «ambitieux et plein de changementes de rythme», ce qui lui a valu de belles performances. Malgré toutes ces qualités, Ons Jabeur n’arrive malheureusement pas à conclure lors des grands rendez-vous. Il suffit de se rappeler les trois finales perdues en grand chelem, dont deux défaites anecdotiques face à Rybakina et plus récemment contre. Vandrousova.

Ce n’est certainement pas les défaites qui désolent, mais plutôt la manière avec laquelle Ons Jabeur a géré ces rendez-vous. Notre tenniswoman a tout fait pour se stresser elle-même, craquer et puis se soumettre, alors qu’elle avait tout pour réussir, notamment la sympathie et le soutien inconditionnel du public.

Une attitude que certains spécialistes attribuent à une fragilité mentale profonde et une préparation psychologique inappropriée.

Toutefois, l’espoir de voir Ons Jabeur retrouver son mental, et notamment sa forte personnalité est tout à fait permis. Et ce sont ces mêmes valeurs qui lui ont permis de «performer» et de remporter dignement le tournoi junior de Roland-Garros en 2011 (à 16 ans seulement) et les masters de Madrid et Berlin.

De ce fait, l’on pense que l’US Open qui a démarré lundi constitue, sans aucun doute, la dernière chance pour s’inscrire parmi les légendes du tennis mondial.  Pour ce faire, Ons Jabeur doit positiver, identifier de nouvelles sources de motivation et retrouver la graine des grands champions. Car, comme le rappelle, Sébastien Thomas, préparateur mental d’athlètes de haut niveau, «les grands champions doivent, en effet, cultiver la pensée positive, le capital-confiance et une certaine intelligence. La priorité n’est d’être uniquement talentueux techniquement et physiquement mais d’être un élément fort qui fait les bonnes stratégies. Etre champion de l’esprit».

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