A l’heure qu’il est, comment faut-il interpréter la dernière parade du parti islamiste qui l’a propulsé, ces derniers jours, sur le devant de la scène ? S’agit-il d’une vraie déflagration au sein d’un parti qu’on présentait comme une forteresse inaccessible ou bien d’une opération de diversion pour faire parler de lui ?
Les plus hauts dignitaires, dont Rached Ghannouchi, font l’objet, depuis plusieurs mois, d’interpellations et d’instructions judiciaires. Le dernier en date n’est autre que Hamadi Jebali, ancien chef de gouvernement et exnuméro 2 d’Ennahdha, arrêté hier. Sachant qu’il est visé par plusieurs enquêtes portant sur des suspicions de blanchiment d’argent et autres a aires relatives aux sociétés Namaa et Instalingo.
Cette arrestation intervient au lendemain d’une sordide histoire d’enregistrements dits fuités, mettant en cause le nouveau chef (adoubé ou autoproclamé) d’Ennahdha, Mondher Lounissi, qui a eu maille à partir avec une journaliste installée à l’étranger et avec les membres d’une puissante famille de Sousse. La scène politique ou plutôt son arrière-plan s’agite donc gravement, ces derniers jours. Chacun apporte sa version des faits, ses accusations et ses preuves (lesquelles en réalité ne le sont pas vraiment). Les internautes férus de brèves de comptoir en ont fait les choux gras. Ces intrigues de sérail qui intéressent-elles vraiment ? Parce que le commun des mortels a bien d’autres soucis. La dénommée «République de Facebook» ne cesse d’être emportée par des histoires non vérifi ables. Quand une rumeur se tasse, elle est rapidement remplacée par une autre. Mais les préoccupations de la majorité des Tunisiens semblent être ailleurs.
Un passé glorieux
Au-delà, il ya quelques leçons à tirer. La tempête dans laquelle se débat le parti islamiste, qui semble refuser d’admettre qu’il ne représente presque plus grand-chose dans le paysage, et ce, avant même le 25 juillet 2021, a des origines lointaines.
Qui peut nier la spontanéité de la liesse manifestée par les Tunisiennes et les Tunisiens qui ont accueilli avec joie la mise à l’écart du parti Ennahdha ? Ils étaient des dizaines de milliers à envahir les rues dans les régions du pays et la capitale pour apporter leur soutien total et sans limites au processus engagé par le Président de la République. Par la suite, certains soutiens, dans la classe politique, se sont confi rmés et d’autres ont changé d’avis pour prendre le chemin de l’opposition. C’est une autre histoire.
Toujours est-il que le parti de Ghannouchi ne mobilise plus comme avant. Les quelques «marches» organisées en toute liberté ont eu lieu dans une quasi-indifférence de la rue tunisienne et l’étiquette de Front du Salut n’a pas arrangé les choses.
C’est dire que les dirigeants nahdhaouis déconnectés de la réalité, semblent vivre toujours dans le passé proche et glorieux et donc dans de faux espoirs.
Opération de diversion ?
Le fin mot de l’histoire, après avoir profité de cet élan de soutien populaire et sincère à l’aube de 2011, les Nahdhaouis ont montré rapidement leur vrai visage de personnes assoiffées de pouvoir et d’argent. La Tunisie a été ni plus ni moins un butin de guerre, et ceci une partie des Tunisiens s’en souviendront encore longtemps.
Et c’est avec cette posture victimaire et un esprit revanchard, qu’à la veille du 25 juillet 2021, le président du conseil de la Choura, Abdelkrim Harouni, réclamait avec arrogance le virement, illico presto, de milliards de dinars à titre de compensation. Des revendications qui avaient choqué les Tunisiens, quand elles n’étaient pas tournées en dérision. D’où la boutade «le militantisme a désormais son prix au kilo !» A l’heure qu’il est, comment faut-il interpréter la dernière parade du parti islamiste qui l’a propulsé, ces derniers jours, sur le devant de la scène ? S’agit-il d’une vraie déflagration au sein d’un parti qu’on présentait comme une forteresse inaccessible ou bien d’une opération de diversion pour faire parler de lui ?
En tout état de cause et quelle que soit la réalité de ces agitations, force est de constater qu’Ennahdha a bien perdu son lustre, Montplaisir n’est plus la Mecque des politiques et l’islam politique est, probablement, de l’histoire ancienne.
Dr. E. Moudoud
6 septembre 2023 à 23:43
MERCI SI NOURREDDINE…NOS COMPATRIOTES DEPUIS 2011…ET SURTOUT DEPUIS LES ASSASSINATS DE TOUS NOS MARTYRS…. ONT PLUS QUE MARRE DE TOUTES LES DANCES …DU VENTRE… D’ENNAHDHA…IL FAUT ‘RESTAURER’ L’HONNEUR DE LA PATRIE…ET LA MÉMOIRE DE TOUS NOS ‘MARTYRS’ …DEPUIS CEUX DU 9 AVRIL À CEUX DE BIZERTE. VIVE LA TUNISE. VIVE LA RÉPUBLIQUE. VIVE KAIS SAIED. BOURGUIBA NE MOURRA JAMAIS…JAMAIS.
Charai
7 septembre 2023 à 04:47
Bravo Si Noureddine ! lucide et convaincant ! Veuillez, cependant, s’il vous plait, développer avec autant de panache « ….. C’est une autre histoire ! », car ces délateurs, calomniateurs, sycophantes et traîtres de cette opposition de 4-sous, à l’image de A.N.Chebbi, doivent être pointés du doigt ! Merci !