La question de la sécurité alimentaire est au cœur des problématiques du développement économique et même au-delà, elle touche à la souveraineté nationale. La crise sanitaire, les crises internationales dans différentes régions du monde ont montré les vulnérabilités des systèmes mondiaux d’approvisionnement et créent des tensions cycliques sur les produits agricoles et les matières premières destinées au secteur agroalimentaire.
La question de la sécurité alimentaire avec celle sanitaire sont des questions stratégiques et relèvent à la fois de la sécurité nationale et de la préservation de la cohésion sociale, c’est pourquoi elles relèvent de l’ordre de la souveraineté.
L’inflation galopante (dépassant 9 %), qui a contribué à la baisse du pouvoir d’achat des populations, et les perturbations enregistrées dans la distribution des denrées alimentaires de base ont été à l’origine de la flambée des prix des denrées alimentaire qui a affecté les produits de première nécessité et des pénuries récurrentes de lait, de farine, de semoule, de pâtes alimentaires et d’huiles alimentaires.
Cette augmentation du taux d’inflation est attribuée, à la fois, à la hausse des cours mondiaux des produits agricoles ainsi qu’à la dévaluation de la monnaie nationale. Depuis, la question de la souveraineté alimentaire s’impose voire s’impose comme jamais.
Pour notre pays, l’urgence est de mettre une nouvelle stratégie de développement de notre agriculture en vue de ne plus dépendre des aléas des marchés internationaux. Les défis sont désormais nombreux : stress hydrique, changements climatiques, forte dépendance aux importations, baisse de la fertilité de la terre, flambée des prix des intrants…
Réduire la dépendance externe
L’agriculture tunisienne est-elle aujourd’hui en mesure de produire les aliments essentiels à la consommation nationale ? Est-il possible de concilier sécurité et souveraineté alimentaire ?
Face à une dépendance accrue aux importations et à l’évolution inquiétante du déficit de la balance commerciale, de nombreuses questions se posent sur l’efficacité et la viabilité de notre système de production agro-alimentaire. L’agriculture tunisienne est à un moment charnière. Il est temps de lui donner du souffle. L’enjeu est capital : bâtir notre souveraineté alimentaire en recréant du lien et de la confiance dans le secteur agricole, depuis l’agriculteur-producteur jusqu’au consommateur-citoyen.
Une mise en perspective prenant en compte à la fois l’évolution du contexte national et international montre la nécessité et l’urgence d’une stratégie globale axée autour de la souveraineté alimentaire.
La souveraineté alimentaire exige que chaque pays mobilise ses ressources naturelles, humaines, économiques et technologiques pour augmenter et améliorer sa production locale d’aliments et réduire sa dépendance externe.
Production céréalière insuffisante
Face à une situation où la production céréalière reste insuffisante pour couvrir les besoins alimentaires de la population, et malgré les efforts déployés, l’opportunité de réduire le déficit de la balance commerciale alimentaire, objectif de la Tunisie, doit passer par la réduction des importations en soutenant la filière céréalière nationale, l’augmentation des exportations de produits oléicoles au niveau national.
Pour la filière céréalière, il faudrait accroître la céréaliculture irriguée (30 000 ha), augmenter la productivité et la production nationale pour atteindre l’autosuffisance en blé dur d’ici 2025 (2,5 t/ha en pluvial, et 5,5 t/ha en irrigué), gérer les pertes post-récolte, améliorer la collecte et la qualité du stockage (silos thermométriques digitalisés) et doubler les capacités de stockage stratégique de deux à quatre mois.