Les hommes de Jalel Kadri, vainqueurs haut la main des Pharaons, ont montré qu’ils ont trouvé la bonne formule pour plus d’efficacité dans la zone de l’adversaire. Un sursaut rageur des plus prometteurs.
Égypte-Tunisie n’était pas un match amical comme les autres, une simple partie de rodage et de revue d’effectif où le résultat est relégué au second plan.
Entre les Pharaons et les Aigles de Carthage, les duels, même de préparation d’une phase finale comme la Coupe d’Afrique, ont toujours été acharnés et bien pimentés par la volonté de se livrer à fond. Le match de mardi n’a pas fait exception à cette règle. Les deux sélectionneurs Rui Vitória et Jalel Kadri ont aligné leur meilleure formation disponible pour sortir vainqueur de ce débat de haut niveau. Et c’est Jalel Kadri qui a eu le dernier mot. C’est le premier revers de l’Égypte après 8 victoires en huit matches successifs. Et ça ne peut que valoriser davantage la performance des Tunisiens.
Cette fois, le sélectionneur Jalel Kadri a fait de bons choix tactiques en prenant de court les Egyptiens par un nouveau système de jeu basé sur une défense à trois (Meriah, Talbi et Abdi), deux excentrés positionnés haut (Kechrida et Mâaloul) pour dresser avec la paire de récupérateurs Laidouni-Skhiri un premier rideau défensif à quatre au milieu du terrain et une ligne avant composée de trois éléments moteurs Ben Romdhane avancé d’un cran pour venir en soutien et en appui du duo d’attaque Elyes Achouri-Youssef Msakni. Une très bonne assise défensive qui va utiliser comme arme de riposte en attaque la transition rapide. Gérard Houiller ne s’est pas trompé en affirmant que «les équipes qui réussissent sont celles qui maîtrisent les phases de transition». L’équipe de Tunisie a bien appliqué cette règle d’entrée de jeu, faisant subir à l’Égypte l’une des douches les plus froides de son histoire. Deux buts inscrits en 7 minutes qui ont fait passer au gardien Mohamed Abou Gabal un de ces moments d’affolement dont il se souviendra longtemps.
Le rôle-clé de Kechrida
Ces deux buts éclairs et ce démarrage à la vitesse grand V portent l’empreinte de Wajdi Kechrida qui a été le point de départ des deux actions. Avec son entrée sur le couloir droit, les phases de transition défense-attaque ont été bien travaillées et orchestrées. Aussitôt récupéré, le ballon est retransmis rapidement pour désarçonner une défense égyptienne en déséquilibre, ce qui a donné du rythme et de l’intensité sur ce flanc. Le premier but de Aissa Laidouni, en parfaite embuscade, avec cette jolie reprise de l’intérieur du pied droit sous la barre (3’) et le deuxième dans la foulée de Hamdi Fathi contre son camp (7’) ont été le fruit de très belles combinaisons à quatre (Msakni, Achouri, Ben Romdhane et Kechrida), en pleine surface de l’adversaire.
C’est le meilleur ton qu’on puisse donner à une partie face aux Egyptiens dans leur fief et la plus rapide mise à genoux dont ils ne vont pas se relever malgré ce but de Omar Kamel qui a permis de réduire l’écart à 2 à 1 dix minutes avant la pause (34’). Le troisième but de Hamza Rafia dans le temps additionnel (90 +5) va sonner le glas des Pharaons qui s’avoueront vaincus par plus forts qu’eux.
Ali Abdi, le grand joker en défense
C’est Mondher Kebaier qui, le premier, a eu le flair de faire appel à Ali Abdi comme arrière polyvalent capable d’évoluer à tous les postes en défense. Jalel Kadri, qui ne pouvait écarter Ali Mâaloul de ce match contre l’Égypte, a trouvé la parade et l’astuce à cet embarras en faisant reculer d’un cran Ali Abdi pour le faire jouer troisième arrière central et stoppeur gauche et titulariser Ali Mâaloul comme excentré. Et ça a marché comme sur des roulettes. Mohamed Salah a été complètement neutralisé sur le côté droit, sa zone de prédilection, de l’attaque égyptienne. Ses tentatives de permutation et de combinaison des percées avec Omar Marmoush et Zizou ont été également bien étouffées dans l’œuf. La défense tunisienne a réduit au maximum les espaces et gagné la majorité des duels. Les changements ciblés faits par Jalel Kadri (Alâa Ghram à la place de Mâaloul et retour de Ali Abdi comme excentré gauche, Yann Valéry sur le côté droit pour prendre le relais de Wajdi Kechrida, Omar Lâayouni pour ménager Youssef Msakni, Hamza Rafia pour suppléer Mohamed Ali Ben Romdhane et Hannibal Mejbri pour prendre un temps de jeu en remplacement de Elyes Achouri) ont témoigné de la volonté du staff technique de ne pas lâcher une victoire historique très bonne pour le moral de la troupe et présageant une équipe qui peut avoir les dents longues et viser le podium lors de la CAN en Côte-d’ivoire.
Les Anas Haj Mohamed, Elias Sâad, Saifallah Ltaief et Sami Chouchane ont été laissés sur leur faim. Ce match contre l’Égypte n’était pas l’occasion propice pour eux pour continuer leur intégration progressive dans le onze titulaire. Ils continueront à incarner la jeunesse et l’ambition de l’antichambre de notre team national. Jalel Kadri est très satisfait du résultat de ce match et de ce que ses joueurs ont produit en qualité de jeu pour lui faire vivre un beau scénario. Il peut préparer maintenant en toute quiétude les deux autres rencontres contre la Corée du Sud et le Japon inscrites sur son agenda.