Des dizaines de milliers de nouveaux arrivants résorbés par le marché du travail qui ont ruiné l’Etat et fait exploser les dépenses publiques. Pire, comme la mauvaise monnaie chasse la bonne, ils ont pris les postes et la place des vraies compétences et de jeunes diplômés, gratifiés, eux, d’authentiques diplômes. Leur seul tort : ne pas avoir de piston.
En ces temps où le pays a besoin de toutes ses ressources pour redresser la barre, mener à bon port les diverses réformes et mettre en œuvre les grands projets, une phrase revient comme un leitmotiv procéder à une réforme efficace de l’administration pour un développement durable et global. En effet, la mise en place d’une administration saine et mobile est une des revendications populaires, mais également un des garants pour mettre en place un nouveau modèle de développement, d’où la mission assignée au nouveau gouvernement confirmée pas plus tard que vendredi 15 septembre 2023. Et au vu du nombre de projets bloqués, en dépit des fonds alloués, on est en droit de se demander qui est à l’origine de cette situation qui perdure depuis fort longtemps ?
L’administration, dont l’assainissement est revendiqué par le Chef de l’Etat, se trouve au banc des accusés, dont une partie jouerait peut-être le jeu de certains lobbies à des fins électoralistes et purement opportunistes, en prévision des prochaines échéances.
Outre ces considérations avérées, plusieurs autres dysfonctionnements semblent miner cette administration, jadis un des piliers de l’Etat, qui doit assurer la bonne gestion des affaires du pays, en temps de paix comme en temps de crises.
Les défaillances au sein des différents mécanismes administratifs sont dues, selon les observateurs, à l’existence, désormais, d’un grand nombre de personnes qui ne sont pas à leur place, particulièrement recrutées au cours de la fameuse décennie, à titre de dédommagements.
On citera, donc, les recrutements effectués tout au long des années post-2011. Des recrutements à la fois massifs et injustifiés qui ont eu pour effet de miner une administration déjà pléthorique. Ces dernières recrues ont tôt fait de bloquer la machine de la fonction publique « bourrée », c’est bien le cas de le dire, d’employés incompétents dont le seul « mérite » ou presque est celui d’être affiliés à la mouvance nahdhaouie.
La mauvaise monnaie chasse la bonne
Ces recrutés, après 2011, précisément entre 2012 et 2013, sous les commandes des deux chefs de gouvernement Hamadi Jebali et Ali Larayedh, sont-ils qualifiés pour les postes dont ils ont eu la charge de manière douteuse et sans préparation aucune ?
Résultat des courses : des dizaines de milliers de nouveaux arrivants résorbés par le marché du travail qui ont ruiné l’Etat et fait exploser les dépenses publiques. Pire, comme la mauvaise monnaie chasse la bonne, ils ont pris les postes et la place des vraies compétences et de jeunes diplômés, gratifiés, eux, d’authentiques diplômes. Leur seul tort : ne pas avoir de piston.
Ces milliers d’intrus, donc, pour la plupart bénéficiant d’une amnistie générale, n’ont, majoritairement, aucune expérience. Certains mêmes n’ont jamais travaillé. D’autres, avec les nouveaux postes, ont empoché des sommes d’argent phénoménales à titre de dédommagements.
Des licences accordées par milliers à des fleuristes, bureaux de tabac et kiosques à journaux
Et même si les peuples ont la mémoire courte, ces histoires avaient animé le débat public pendant des années. De simples agents et cadres moyens se sont vu offrir des carrières et des postes dans la haute administration, sous prétexte que si leurs carrières n’avaient pas été interrompues, ils seraient là où ils sont aujourd’hui. Directeurs et sous-directeurs avec des émoluments conséquents et des compensations « généreuses » en contrepartie des années d’interruption !
D’ailleurs, la veille du 25 juillet 2021, un des faucons d’Ennahdha, Abdelkrim El Harouni, réclamait à l’Etat des milliards de dinars pour alimenter encore et encore la caisse de compensation des militants islamistes.
Dans le même ordre d’idées, des témoignages font état de recrutements « d’enseignants», ayant, eux aussi, bénéficié de l’amnistie générale. Un désastre ! Près de 44.000 nouvelles recrues dans la fonction publique ont été recensées depuis la chute de l’ancien régime, sans oublier les licences accordées à des fleuristes, bureaux de tabacs, kiosques à journaux par milliers…, tous partisans de la Troïka et particulièrement d’Ennahdha.
C’est dans cet esprit qu’en recevant récemment Ahmed Hachani, le Président de la République a préconisé la création de commissions dans chaque ministère pour assainir l’administration de ceux qui s’y sont infiltrés sans avoir les compétences requises.
En témoignent ces chiffres le nombre de recrutés a presque doublé, de 404 mille salariés en 2011 à 700 mille actuellement, avec une masse salariale qui explose, passant de 6 milliards de dinars en 2011 à plus de 23 milliards de dinars !
Il ne s’agit donc ni d’une purge, ni d’une chasse aux sorcières mais bien de traiter les dossiers des concernés au cas par cas conformément aux textes de loi en vigueur, pour un juste retour des choses.