LES règles des Accords de Bâle régissant le secteur bancaire reposent essentiellement sur trois piliers fondamentaux : « l’identification des exigences minimales des fonds propres des banques, le respect du principe de la surveillance prudentielle individualisée et surtout la garantie de la transparence et de la discipline au niveau de la gestion ».
Reste que ces notions fondamentales semblent faire nettement défaut aux banques tunisiennes, notamment publiques. Un manquement qui justifie leurs déboires actuels.
En effet, depuis quelque temps, certaines de nos institutions financières publiques sont plutôt dans la tourmente. Elles se sont retrouvées même au centre du viseur de nos décideurs, faute d’intégrité, de bonne gouvernance, d’intelligibilité et surtout de transparence au niveau de certaines créances.
Les critiques sont claires : l’octroi de crédits « faramineux » sans aucune garantie, ou dans les meilleurs des cas avec des garanties disproportionnées. Des dépassements que nos décideurs considèrent comme « très graves » et qui « risquent de menacer sérieusement les équilibres de nos banques publiques et d’entamer leur réputation ».
Certes, cette question est très sensible, mais il ne faut pas qu’elle soit qualifiée d’alarmante, car elle doit être gérée avec beaucoup de délicatesse.
Moez Joudi, président de l’Institut tunisien des administrateurs, écrivait tout récemment que « la diabolisation du secteur bancaire et des banques n’est pas forcément une bonne chose, ce n’est pas non plus un moyen pour assainir durablement l’économie tunisienne… »
Il pense ainsi que « la décrédibilisation des institutions financières pourrait mener le pays vers un risque systémique ». Selon lui, « on peut transformer positivement un secteur et l’assainir tout en gardant un minimum de calme, de confiance et de sérénité ».
C’est dire que le pays, déjà en pleine crise économique et financière, n’a pas besoin d’un « nouveau » scandale, il a besoin plutôt de sérénité et de confiance.
Cela ne veut certainement pas dire qu’il faut tolérer les dépassements, ou encore ignorer les transactions douteuses. Bien au contraire, il est de notre devoir de les signaliser et de les incriminer. Mais ce traitement doit être isolé, sans que cela discrédite tout un système sur lequel repose l’économie nationale.
Plus important encore, « ces délits » individuels doivent servir de catalyseur pour repenser sérieusement la restructuration, qui tarde toujours à se manifester, de tout le secteur bancaire et financier. C’est dire que, parfois, « à quelque chose malheur est bon ».