Par Ilyes Bellagha
Si le problème majeur de ce pays n’était ni vraiment d’ordre économique, ni d’ordre social et ni même d’ordre politique, mais principalement territorial ?
A cet effet, un collectif a vu le jour, constitué de profils divers. Ce collectif où tous les membres sont occupés, si ce n’est préoccupés, par la problématique du territoire ou plutôt des territoires.
Après tout, Juan Marsé a écrit, un jour, dans son ouvrage Calligraphie des rêves : « Il croit (ici le collectif) que ce n’est que dans ce territoire ignoré et abrupt de l’écriture et de ses résonances qu’il trouvera le passage lumineux qui va des mots aux faits, endroit propice pour repousser l’environnement hostile et se réinventer soi-même. ».
Deuxième point non moins important : le passage du relais à la génération suivante, celle qui se trouve livrée à elle-même, une lignée que nous n’avons pas à ce jour formée pour décoder et coder ce que le citoyen raconte, ce que les murs chuchotent…
Là, le collectif a pris la décision de ne pas travailler pour les jeunes, mais avec eux. Ce travail se fera dans toutes les institutions publiques et privées qui forment les futurs concepteurs d’espace et les nouveaux promus à être des acteurs culturels et des artistes. Eux-mêmes, par la suite, formeront des hommes de culture qui parviendront à convaincre, espérons, les citoyens que l’espace est au cœur de la ville comme un fait civilisationnel.
« L’architecture est le grand livre de l’humanité, l’expression principale de l’homme à ses divers états de développement, soit comme force, soit comme intelligence.», disait Victor Hugo
En plus du discours négatif envers et sur cet environnement social et humain dont les architectes et les urbanistes sont et devront être les premiers et même les seuls responsables, au contraire, ils s’accordent à nous répéter que le peuple est ignorant et, à la limite, complice de la décadence urbaine, comme si les aménageurs d’espaces, eux, venaient d’une autre planète.
Alors, que se passe-t-il dans ce pays, en description simple : un mal-être que nos universitaires et les soi-disant spécialistes ne veulent pas intégrer dans leurs approches ? Quel média nous a rapporté telle étude sur la harga, par exemple ?
Il faut, dès maintenant, que les étudiants apprennent à parler et à écouter les plaintes de leurs concitoyens, à les décoder et en faire un schéma qui n’est réellement qu’une présentation abstraite mais conventionnelle de ce qu’on appelle un plan.
I.B
(*) Président de l’association Architectes citoyens