L’enfant commence à s’interroger sur le monde qui l’entoure à un âge précoce. Savoir-vivre et savoir-faire vont ainsi de pair. Que le meilleur gagne !
«Supclay» a été, enfin, choisie meilleure jeune entreprise estudiantine, lauréate de la 14e compétition nationale «Entrepreneurs de demain», organisée, tout récemment, par «Injaz Tunisie», à la Cité des Sciences à Tunis, sous l’égide d’un jury de professionnels et d’universitaires. L’équipe promotrice relevant de l’Enit s’apprête à s’envoler, en novembre prochain, pour le Qatar, où elle portera haut l’étendard national dans l’arène des grands. Un premier succès qui lui fraierait un chemin dans le monde des affaires.
Que le meilleur gagne !
Ainsi, son projet primé traduit, manifestement, son talent et son originalité. L’idée exceptionnelle et recherchée le distingue du reste des candidats présélectionnés. Ils étaient au nombre de 15 retenus parmi 3.312 de 17 établissements universitaires ayant participé au programme de formation «Company Program», proposé par Injaz Tunisie. Quoi de neuf? «Supclay» propose, en fait, des alternatives écologiques au ciment traditionnel, fabriqué à base d’argile. Un des matériaux de construction indispensables qui est non seulement durable sur le plan environnemental, mais également très résistant à l’activité sismique.
Le pays sera ainsi représenté par ses jeunes leaders, hautement qualifiés. Et c’est ainsi qu’on lui fait l’honneur et qu’on l’estime. Certes, on lui doit beaucoup, mais celui-ci doit, en retour, faire pareil, en développant le sens de l’appartenance à la mère patrie. Aucune citoyenneté, n’est sortie du néant. Plutôt, ça s’apprend à l’école, dès la petite enfance. D’autres valeurs humanistes, volontariat et cultures similaires ne sauraient s’incruster, si l’exercice d’initiation à leur apprentissage n’existait pas. Dans la rue, à l’école, même au sein de son environnement immédiat, l’enfant commence à s’interroger sur le monde qui l’entoure, à un âge précoce. Savoir-vivre et savoir-faire vont ainsi de pair. Que le meilleur gagne !
Jeune d’aujourd’hui, homme de demain
A force d’inculquer le bon sens, se forge, au fur et à mesure, le caractère intrinsèque de la personnalité qui s’acquiert, progressivement, avec sa manière d’être. Mais aussi, sa façon d’agir sur ses choix du présent et d’avenir. Ce dont œuvre, volontiers, l’Association «Injaz Tunisie», depuis sa création, il y a maintenant 13 ans. Membre du réseau international Junior Achievement World Wide, dans 127 pays, l’association fait aussi partie du réseau régional Injaz Al Arab, à travers 13 autres pays, à savoir le Maroc, l’Algérie, l’Egypte, le Bahreïn, le Koweït, le Liban, Oman, la Palestine, le Pakistan, Qatar, l’Arabie saoudite, le Yémen et les Emirats arabes unis. Près de 18 millions de jeunes de par le monde en ont tiré profit et bénéficié des sessions de formation en leadership et entrepreneuriat.
Sous nos cieux, elle travaille sur la valorisation du capital humain, en misant sur l’idée et l’esprit d’initiative privée. Sa devise est de faire du jeune d’aujourd’hui l’homme de demain. M. Abdallah Ben Abdallah, retraité de la fonction publique, avait préféré repartir sur le terrain et renouer avec l’action et l’engagement. Il s’en tient, bénévolement, à la formation des étudiants et écoliers, tous niveaux confondus. Bénévole, il assure, depuis bien des années, les fonctions de directeur exécutif de l’association, de par l’expérience qu’il a capitalisée, au long de son parcours professionnel. Surtout qu’il avait dirigé l’Atfp, l’Agence tunisienne de la formation professionnelle.
Idem pour «Injaz», la formation lui tient énormément à cœur. Il apprend aux jeunes à penser à leur devenir. Soit une mission qui répond aux objectifs de l’association : «Créer une nouvelle génération de jeunes Tunisiens capables de réussir dans une économie mondialisée, en stimulant leur esprit d’entreprise et leur aptitude professionnelle». Certes, on ne naît pas professionnel ou leader, on le devient. En quoi consiste, alors, l’apport de l’association qui se penche sur l’enjeu de viser loin? «On prépare nos jeunes à la vie active et on les initie à l’innovation et la création de leurs propres projets, pour susciter chez eux l’esprit d’entreprise», explique M. Ben Abdallah.
Formation poussée en quatre axes
Que faire pour parfaire ce rôle et arriver à ses fins? Au fil des ans, suite à son lancement, «Injaz Tunisie» a dû former, jusque-là, entre 350 et 400 mille jeunes leaders. «Nos actions profitent essentiellement à plusieurs établissements éducatifs, mais aussi à 17 universités publiques et privées», se félicite-t-il. Pour lui, l’Enit, Ecole nationale d’ingénieurs de Tunis, est citée en modèle réussi. Ce fut l’aboutissement d’un effort conjugué d’un staff de plus de 1.300 professionnels, entrepreneurs, universitaires et jeunes actifs volontaires, répartis sur toute la Tunisie.
Ainsi, «Injaz» n’est-elle pas digne de ce nom. Selon son patron, tout commence à l’école, jusqu’à l’université. «Nous avons des programmes d’apprentissage déclinés en quatre axes de formation fédérateurs, à savoir «entrepreneuriat et création d’entreprises», «soft skills», «gestion financière» et «culture numérique»», énumère, fier, M. Ben Abdallah. En guise de précision, il a poussé le bouchon un peu loin. Il revient pour expliquer que le premier axe table sur l‘investissement et le compter-sur-soi, de l’idée à la création de son propre projet. L’innovation et la valeur ajoutée, c’est encore mieux. Le second se résume à des prérequis personnels et professionnels, consistant à saisir l’art et les manières du leadership, des solutions et être doté de l’esprit d’équipe. Budgétisation du projet et maîtrise des chiffres d’affaires, cela rentre dans la gestion financière qu’exige le 3e axe. Alors que le dernier s’explique par le fait de savoir tout juste manipuler l’outil informatique pour avoir une certaine culture numérique.
En fait, 5.000 enfants ont eu à tirer profit des programmes de formation «Injaz», et ce, dans le cadre d’une convention signée avec le ministère de l’Education et ses délégations dans les régions. En vertu de quoi, des journées de formation ont été organisées lors des cours de classe, au sein des écoles, collèges et lycées. «On s’attend toujours à ce que nos programmes soient intégrés dans les programmes d’enseignement officiels du ministère…», espère-t-il. D’ailleurs, un nouveau concept intitulé «projet de sa vie» semble être en cours d’élaboration, chapeauté par ladite association et qui porte sur «la définition de l’entreprise».
De l’innovation et de l’impact social
Qu’est-ce qu’une entreprise et comment la gérer? Pour des petits écoliers, cela ne se révèle pas du tout simple et évident. D’où il importe qu’on leur apprenne tout sur l’entreprise, sa structure, son mode de gestion et les modalités de son fonctionnement. «Dans ce sens, nous avons, d’ailleurs, animé une formation en classe, mettant à la disposition des élèves des papiers sur lesquels ils ont dessiné des croquis de nom d’entreprise et son logo, inspirés de leur imagination», se rappelle-t-il. Par ailleurs, dans d’autres occasions pareilles, a-t-il encore ajouté, on les a mis à l’épreuve, en leur demandant des solutions à la saisonnalité du tourisme. «Ces écoliers ont fini par formuler une série d’idées qui auraient pu servir d’alternatives au tourisme balnéaire, s’agissant du tourisme culturel, écologique, de santé et bien d’autres à potentiel sous-exploité», a-t-il relevé, non sans satisfaction.
Somme toute, tout effort distingué mérite d’être récompensé. Dans le sillage des étudiants postulants à cette 14e édition, d’autres ont dû gagner le pari de l’initiative privée. «Junior Kit» étant le projet qui a été récompensé pour la «meilleure idée impactante», avec son coffret composé de 10 expériences scientifiques captivantes pour stimuler la curiosité des enfants. Quant à «Mulchair», c’est la 2e réalisation distinguée pour la «meilleure innovation», avec sa production de paillis biodégradables utilisés en agriculture, favorisant une croissance plus saine des légumes et des fruits.