Comme en pareille période de chaque année, les jeunes Tunisiennes et Tunisiens s’apprêtent ces jours-ci à effectuer la rentrée universitaire pour entamer leur marche sur la voie du savoir et vers l’acquisition des connaissances et des diplômes leur permettant d’intégrer la vie active.
Et dans le cadre de la mise en œuvre des meilleures conditions d’études, l’Office national des œuvres universitaires (Onou) veille à réunir les conditions optimales pour le vécu quotidien de ces jeunes en matière d’hébergement, de restauration et de loisirs.
Or, au vu de l’éternel problème des moyens et des places disponibles pour l’hébergement, des critères rationnels et pratiques ont été élaborés pour éviter les éventuelles injustices et le favoritisme.
Ainsi, obéissant aux principes de transparence et d’équité, les listes des étudiants admis aux foyers universitaires relevant de l’Onou sont publiques et peuvent être consultées par tous et à tout moment, ce qui peut donner lieu, parfois, à des réclamations dont certaines s’avèrent justifiées.
Mais, revenant à ses «vieux démons» privilégiant l’esprit revendicatif, les responsables de la centrale estudiantine a anticipé en multipliant les actions de protestation, en réclamant notamment la généralisation du système de dérogation accordé aux étudiants pour enchaîner avec plus de deux ans de droit à l’hébergement dans les foyers universitaires.
Il est compréhensible que nos jeunes préfèrent le logement dans les foyers universitaires étatiques afin de bénéficier des tarifs réduits à leur portée, mais ils doivent être, à leur tour, compréhensifs et accepter les priorités.
Il faudrait accepter, également, les contraintes imposées à toutes les parties intervenantes, mais l’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget) semble persister dans les réflexes prônant les idéologies politiques et utiliser même des termes de l’ancienne génération des années soixante faisant mêler le politique au militantisme estudiantin.
Ainsi, au moment où le pays table sur la nécessité d’opter pour le pragmatisme, l’Uget use encore d’un langage truffé de termes «violents» marqués par le «triomphalisme» comme s’il s’agissait d’une atmosphère de guerre.
C’est donc dans ce cadre que le dernier communiqué de l’Uget, en date du 21 septembre 2023 et rendu public sur le site officiel de l’organisation estudiantine, parle «d’élévation des voix des militants parmi les camarades de l’Uget et ses partisans qui ont fini par obtenir la victoire et arracher les droits des étudiants leur permettant de jouir de leurs droits légitimes…».
Sans critiquer la volonté du syndicat étudiant dans sa défense des droits de jeunes, on constate un forcing et un discours rappelant l’ambiance des campus d’il y a plus de quarante et cinquante ans qui, de l’avis général, sont révolus.
Bon à rappeler que depuis sa fondation, et plus particulièrement depuis le fameux congrès de Korba en 1971, les opposants à l’inféodation de l’Uget au Parti socialiste destourien au pouvoir à l’époque sont devenus majoritaires en refusant la tutelle du gouvernement, sachant que des actes de violence et d’anarchie avaient empêché l’achèvement de ce 18e congrès avant que la crise n’atteigne son paroxysme avec la révolte étudiante du 5 février 1972.
Il ne faut pas oublier, non plus, que les étudiants de l’Uget étaient souvent assimilés comme étant proches des courants politiques et les partis de gauche, voire d’extrême gauche avec les célèbres «perspectivistes».
Mais avec la montée des courants islamistes, les choses ont complètement changé ou presque dans le sens où le mouvement islamiste a pu renverser la vapeur en remportant, le 1er mars 2018, lorsque l’Union générale tunisienne des étudiants (Ugte) a remporté les élections des conseils scientifiques, avec 266 sièges sur 542, soit 49% du total, alors que l’Uget n’en a obtenu que 147, soit 27 %. Le reste, soit 127 sièges, est revenu à des étudiants indépendants ou appartenant à d’autres organisations
Cette tendance a été confirmée lors des élections des représentants des étudiants aux conseils scientifiques tenue le 10 mars 2023.
L’Union générale tunisienne des étudiants (Ugte-islamistes) a ainsi remporté les élections avec 49% des voix (263 sièges), l’Union générale des étudiants de Tunisie (Uget-gauche) a obtenu 25% des voix (134 sièges) et les listes “indépendantes” 26% voix (135 sièges).
C’est dire que par leur attitude jusqu’au-boutiste, les responsables de l’Uget ont perdu leur ascendant et se retrouvent au bas de l’échelle lors des diverses joutes électorales prouvant qu’ils ont perdu même la confiance de leur base.
En tout état de cause, les étudiants ont certes le droit de revendiquer des conditions de vie dignes, mais ils sont appelés à prendre conscience de leur rôle dans la réussite de la saison universitaire.