Accueil Actualités Point de Vue | Après Daniel, il y a Elias : Et si le Président avait raison ?

Point de Vue | Après Daniel, il y a Elias : Et si le Président avait raison ?

 

Les cyclones, tempêtes ou ouragans peuvent se produire simultanément dans des régions différentes de la planète. Pour éviter les confusions, les prévisionnistes et les météorologues ont commencé à donner un nom à chaque phénomène météorologique extrême dont les cyclones. Chaque année, ces ouragans reçoivent des noms avec une alternance de prénoms féminins et masculins.

Jusque-là tout semble être banal. Sauf que le cyclone qui a ravagé la ville de Derna avait pour nom Daniel. Quand Kaïs Saïed avait indiqué que le choix de ce nom faisait assurément allusion à Daniel, l’un des grands prophètes de la Bible hébraïque et de l’Ancien Testament, et qu’il s’agissait probablement d’une manœuvre de communication sioniste pour rappeler le peuple juif, cela a provoqué un tollé.

Mais voilà qu’un autre ouragan frappe de plein fouet la Grèce. Et il a pour nom Elias, un autre prophète juif. La succession de noms de prophètes juifs pour appeler deux tempêtes ne semble plus anodin dans ce cas ou à la limite une étrange coïncidence.

En effet, dans un article publié par The Economist à partir d’une étude sur «l’exclusion des juifs et les chocs météorologiques», les auteurs démontrent la forte corrélation entre la persécution des juifs en Europe dans les vagues de froid.

Il s’avère que tout au long de l’histoire, les minorités religieuses et ethniques ont été victimes de persécutions ou d’expulsions. Les persécutions et les expulsions étaient fréquentes dans le monde préindustriel, en particulier dans l’Europe médiévale et moderne. Les auteurs de cette analyse ont développé un raisonnement original quant à l’origine économique des persécutions à la rencontre des juifs depuis près de 1.000 ans en Europe. En effet, cette analyse fait apparaître des raisons économiques liées à des considérations météorologiques dans un contexte de sociétés agraires.

À l’aide de preuves historiques, il est clair que la persécution et l’expulsion du peuple juif par les États européens prémodernes sont liées aux variations climatiques et leurs conséquences agraires.

Sur la base de données météorologiques historiques, des preuves suggèrent qu’au cours des XVe et XVIe siècles, les températures plus froides rendaient beaucoup plus probable l’expulsion d’une communauté juive.

Ce qui rend probablement l’appellation des cyclones par des noms de prophètes juifs non pas comme une simple coïncidence mais plutôt comme un rappel aux souffrances de la diaspora juive qui est sans nul doute l’un des arguments forts du mythe fondateur du sionisme.

Dans un pays où les mythes fondateurs du sionisme s’effondrent, la religion devient une alternative et le recours à tout ce qui peut connecter la nouvelle génération  au passé douloureux du peuple juif est un plaidoyer qui prend plusieurs formes, y compris le recours aux noms des cyclones. La réflexion du Président de la République n’est pas une attaque antisémite mais un éclairage sur des procédés de propagandes sionistes. A méditer.

-Etude : Warren Anderson, Noel Johnson, Mark Koyama «From the persecuting to the protective state ? Jewish expulsions and weather shocks from 1100 to 1800», analyse publiée sur «leconomiste.eu» le 27/05/2015.

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