QUAND on est haut fonctionnaire de l’Etat et qu’on est mandaté pour servir le citoyen, le premier réflexe, c’est de se mettre à la place du citoyen dans sa vie de tous les jours. C’est même une condition sine qua none pour que ce responsable, quel que soit son rang hiérarchique, réussisse sa mission. Sinon, si on reste cloué à son bureau et qu’on dirige selon les rapports écrits et ce que les autres racontent, sans connaissance réelle des contraintes du terrain, l’exercice de la fonction sera inefficace et décalé par rapport à la réalité.
Transport urbain et interrégional, santé, justice, grande distribution, approvisionnement en carburants, enseignement, culture, sport, administration publique, services bancaires et postaux, ce sont des exemples de ces domaines courants de la vie qui témoignent du progrès d’une nation.
Et c’est sur le terrain et non dans les médias ou sur les réseaux sociaux que ces domaines doivent être administrés. Ces responsables dans les différents départements de l’Etat, qui sont payés avec l’argent du contribuable, sont-ils proches du citoyen ? Suivent-ils les réalisations et la prestation de leurs subordonnés au contact du citoyen ? D’après ce qu’on voit, c’est généralement le strict minimum, voire une démobilisation avec une rupture progressive et manifeste entre les décideurs dans les entreprises publiques et les départements de la fonction publique, d’une part, et le citoyen et le terrain, c’est-à-dire le côté opérationnel, d’autre part.
Cette rupture fait que l’Etat n’est plus attentif à ce que demandent les citoyens. Cette rupture et ce déficit de contact font aussi que tout ce qui se conçoit au niveau des directions devient théorique, bureaucratique et lent à exécuter.
Sur le terrain, il y a tellement de décalage, d’imperfections et de manquements, qui, la plupart du temps, passent inaperçus bien que trop visibles. Résultat, un cercle vicieux s’installe, et souvent difficile à rompre.
L’une des clés pour désamorcer cet inconfortable décalage : que les différents responsables mandatés se mettent à la place du citoyen et essayent de vivre ce qu’il vit, d’écouter ce qu’il dit et d’imaginer même ce qu’il désire. Exercice qui paraît peut-être idéal, mais si utile et incontournable pour améliorer le quotidien des Tunisiens.