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Préserver la résilience du secteur bancaire

Editorial La Presse

 

LES scénarios sont plutôt sombres et les experts aussi bien locaux qu’internationaux tirent, avec insistance, la sonnette d’alarme. C’est qu’en plus du risque de défaut de paiement extérieur de sa dette souveraine, la Tunisie, qui vient de contracter, entre mai et octobre 2023, deux crédits bancaires indexés respectivement de 400 et 750 MD, pourrait connaître le même sort sur sa dette intérieure.

Une telle défaillance pourrait mettre à l’épreuve la résilience des banques tunisiennes, notamment publiques, et affecter sérieusement ses provisions. En effet, selon certaines études, un défaut de paiement pourrait coûter au secteur bancaire « de 4,1 à 7,6 milliards de dollars, soit de 8 à 18% du PIB nominal prévu pour 2023 ».

Les mêmes études rappellent que « depuis 2011, et sous les consignes de la BCT, les banques tunisiennes ont augmenté leur exposition vis-à-vis de la dette publique et l’ont fait de façon risquée par rapport à la taille de leur bilan ».

Ce qui inquiète réellement, c’est que toute défaillance des banques signifierait automatiquement un arrêt du financement de l’économie nationale. D’ailleurs, dans ses derniers rapports, la Banque centrale reconnaît « un net ralentissement du financement de l’économie par le secteur bancaire ».

Et c’est en premier lieu le volet entrepreneurial qui serait le plus endommagé, car les entreprises locales, notamment les petites et moyennes unités, auraient beaucoup de mal à accéder aux crédits, sinon à des taux trop élevés qui pourraient même atteindre les 13%, selon les estimations des experts. Une éventualité qui donne déjà des frissons. Surtout que plus de 80% de notre tissu industriel est composé de PME.

En plus de cette question d’accès aux crédits, les transactions commerciales internationales des entreprises risqueraient de connaître des blocages sérieux. Justement, en cas de défaillance bancaire, notre système de change serait, lui aussi, affecté, puisque « le dinar, déjà nettement fragilisé ces dernières années, trouverait beaucoup de difficultés à résister et connaîtrait ainsi de nouvelles chutes significatives ».

D’ailleurs, en raison de la gravité d’un tel scénario, les spécialistes appellent les banques à mettre, dès maintenant, des plans de « riposte » fiables qui les doteraient « d’un maximum de flexibilité dans les différentes phases de gestion ».

De son côté, le coût social serait très lourd. En effet, un éventuel « crash bancaire » conduirait, sans aucun doute, à une chute libre de la consommation, car l’accès des ménages aux crédits sera réduit, pour ne pas dire totalement verrouillé. Ce qui signifie la possibilité de déclenchement de nouvelles tensions. Or, d’évidence, la conjoncture actuelle ne supporterait pas une nouvelle crise sociale.

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