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L’Afrique sous surveillance : Un milliard de dollars dépensés en technologies de contrôle

En Afrique, chaque année, les gouvernements consacrent un montant colossal d’un milliard de dollars à l’acquisition de technologies de surveillance de masse, comme le révèle un récent rapport publié par l’Institute of Development Studies (IDS), affilié à l’Université du Sussex au Royaume-Uni. L’étude, intitulée «Mapping the supply of surveillance technologies to Africa: case studies from Nigeria, Ghana, Morocco, Malawi, and Zambia», met en lumière le rôle dominant du Nigeria, qui a dépensé plus de 2,7 milliards de dollars au cours de la dernière décennie pour acquérir ces technologies. Ces outils de surveillance ciblent divers acteurs, y compris des militants pacifiques, des opposants politiques et des journalistes.

D’autre part, le Ghana se concentre sur l’acquisition de logiciels d’espionnage pour surveiller les activités sur les téléphones mobiles, tout en mettant en place des systèmes de «villes sûres» basés sur la surveillance par caméras de rue, combinée à des logiciels de détection de comportements et de reconnaissance faciale. Le Maroc privilégie l’achat d’outils d’interception des communications téléphoniques et des données sur Internet, tandis que la Zambie se focalise sur le développement de son propre système de «villes sûres.»

En ce qui concerne les principaux fournisseurs de ces technologies de surveillance en Afrique, des entreprises telles que Huawei et ZTE (Chine), BIO-key et Agilis (États-Unis), Hacking Team (Italie), Thales (France), BAE Systems (Royaume-Uni), Dermalog (Allemagne), ainsi que NSO Group, Cyberbit et Elbit Systems (Israël) se hissent en tête du peloton. Bien que ces entreprises déclarent généralement que l’usage illégal de leurs produits enfreint leurs termes et conditions, les pratiques de surveillance se répandent rapidement, portant atteinte aux droits à la vie privée, à l’anonymat, à la liberté d’expression et d’association des citoyens.

Concernant les pays qui exportent ces technologies, la Chine se distingue en fournissant des caméras de surveillance équipées de technologies de reconnaissance faciale et de reconnaissance des plaques d’immatriculation, basées sur l’intelligence artificielle, pour surveiller l’espace public. Les États-Unis et le Royaume-Uni jouent un rôle majeur dans la fourniture d’outils de surveillance des médias sociaux ainsi que dans les services de «marketing politique» visant à influencer l’opinion publique et le comportement des électeurs.

L’Allemagne et l’Italie se profilent parmi les principaux exportateurs de logiciels malveillants conçus pour pirater les téléphones mobiles, tandis que le Royaume-Uni se spécialise dans les fausses tours cellulaires (IMSI catchers) pour espionner les utilisateurs de téléphones mobiles. A l’inverse, la Russie a un rôle mineur en tant que fournisseur de technologies de surveillance de masse en direction de l’Afrique. Cette rapide expansion des technologies de surveillance en Afrique suscite des préoccupations quant au respect des droits de l’homme, à la vie privée, et aux libertés fondamentales des citoyens, soulevant des questions essentielles sur la protection de ces droits dans l’ère numérique en évolution constante.

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